CONTE: LA SOUPE AUX PIERRES (PARTIE IiI)
III. La solution que trouva Anne pour faire
patienter ses malheureux enfants
Le cœur d’Anne était plein d’une douleur
mortelle.
« Que vais-je à mes petits donner ?
se disait-elle ;
A l’heure qu’il est, ils m’attendent
pâlement,
Les pauvres ! Ah, Seigneur ! S’ils
pouvaient seulement
Patienter jusqu’à ce que le matin
reluise,
Que je trouve quoi faire ! Mais la
faim les épuise,
Je leur ai promis la soupe et ils sont
soupiers. »
Elle eut tout à coup une idée ;
dans du papier
Elle enveloppa trois belles pierres
polies
Sans qu’on la vît faire cette étrange
folie.
A la maison toute joyeuse elle semblait
Alors que du destin son triste cœur
tremblait.
« François, as-tu cherché de l’eau ? »
« Oui, ma mère,
Répondit le petit d’une voix amère.
As-tu de la viande ? » « Oui,
j’en ai apporté.
Jean, à trouver du bon bois je t’ai
exhorté,
En as-tu trouvé ? » « Oui,
mère. Mais la viande –
J’ai trop faim, pour cela je te le
demande –
A cuire va-t-elle demeurer trop
longtemps ? »
« Non, répondit Anne, jouez, soyez
contents,
Je vous appellerai quand elle sera
cuite. »
Les enfants, tout joyeux, s’en allèrent
de suite
En rêvant de manger et terrasser enfin
Cette ténébreuse et insupportable faim.
Dès qu’ils sortirent, Anne, sans fermer
sa paupière,
Mit au feu la marmite et y mit les trois
pierres.
Quelque temps après, les enfants
rentrèrent, las.
« La viande est-elle cuite ? »
« Non, pas encore. » « Hélas !
Nous avons grand faim ! Pour qu’elle
soit tendre
Combien de temps allons-nous, maman,
attendre ? »
« Peu de temps. Jouez, en
attendant, mes chéris. »
Les pauvres, comme s’ils avaient déjà
péri,
Pour jouer, cependant, n’avaient plus de
force,
Alors qu’ils étaient vifs, ces fiers
enfants de Corse.
N’en pouvant plus, l’aîné s’écria : « Ah !
maman !
Tu nous fais attendre, et en nous
affamant
Tu nous promets un bon repas qui nous
tarde.
La viande cuit-elle toujours, mère ?
Regarde
Pour voir si tu n’as point fait d’erreur. » « Sur
ce feu,
Elle sera bientôt prête. Attendez un
peu. »
Et Anne soupirait de son sombre
mensonge.
Ses misérables fils que la famine ronge
Attendirent longtemps ; Anne
ajoutait de l’eau,
Et ils éclatèrent bruyamment en sanglots
Quand elle leur dit qu’elle n’était
point cuite encore
Alors qu’on était à une heure de l’aurore.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2157.
samedi 27 juin 2015
Conte: La soupe aux pierres (Partie III)
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