CONTE: LE PILOTE DE BOULOGNE (PARTIE V)
V. Comment le jeune prince se vengea de son
beau-père et retrouva sa femme chérie
Le jeune prince
marcha en suivant la boule.
Il vit, dans une
forêt, un lion près d’une houle,
Plus loin un
ours, derrière lui un grand léopard.
De sa viande et
son pain il leur donna une part,
Et ils le
laissèrent partir sans dommage.
Margot, la bonne
fée et puissante mage,
Lui avait dit que
dans la forêt il verrait
Un grand château
désert qu’un feu illuminerait,
Avec une table
servie et des lumières,
Mais qu’il n’y
allait voir nulle âme coutumière.
La boule entra
dans la cour, monta dans le perron,
La porte devant
elle s’ouvrit ; comme un larron
Qui se hâte,
pris de peur, de prendre la fuite,
Le prince se
hâta d’entrer à sa suite,
S’y chauffa, se
mit à table, et bien qu’étranger,
Une main lui
servait à boire et à manger.
Il se coucha
ensuite dans un lit bien tendre,
Et quand il s’éveilla,
lui semblant l’attendre,
Trouva son déjeuner
qui était succulent.
Il s’en régala
bien mais sans qu’il ne fût lent,
Car il voulait
partir, et rester n’est pas sage,
Lui dit la fée Margot.
Il vit sur son passage,
Sur le point de
quitter ce magnifique palais
Et quand vers la
sortie promptement il allait,
De jeunes filles
habillées de blanc, ravissantes,
Et qui, en
vérité, étaient des fées puissantes.
« Voulez-vous
danser ? » dit la première fée. « Non »
Répondit-il ;
la fée dont savait le nom
L’ayant prévenu
de tout ce qu’il devait faire.
« Dansez un
peu avec moi, je vais vous plaire. »
Lui dit la
seconde. Il refusa durement
Et fit la même
réponse à l’autre fièrement.
La troisième s’écria : « Vous
êtes bien sévère ! »
Et laissa tomber
sa pantoufle de verre,
En s’en allant,
qu’il se hâta de ramasser.
Elle dit, voyant
ce qui venait de se passer :
« Gardez la
pantoufle charmée qui est mienne,
Prenez-la et
dites, quand vous voudrez que je vienne :
« Belle
fille, à moi ! » et je viendrai rapidement. »
Le jeune prince
la remercia doucement
Et suivit encore
la boule salutaire.
Il vit sur sa
route trois fantômes austères,
Le plus grand s’écria : « Où
vas-tu, sombre humain,
Petit ver de
terre, poussière de mes mains ? »
Il prit sa
pantoufle et dit : « A moi, belle fille ! »
Ella apparut,
belle comme le soleil qui brille,
Et demanda : « Seigneur,
quel est votre désir ? »
Il répondit : « Si
vous voulez me faire plaisir,
Détruisez ces
fantômes. Qu’ils s’en aillent en poussière. »
Et la fée exauça
aussitôt sa prière.
Le prince, aidé
par la boule, marcha longtemps,
Et arriva enfin
à Boulogne, content
D’avoir revu ses
vieux parents. A sa mère
Il reprocha
doucement, mais d’une façon amère,
De lui avoir
donné un conseil si mauvais.
Confiant en la
fée qui de bon cœur le sauvait,
Il acheta un
navire et lui dit : « J’espère
Que tu m’aideras
à me venger de mon beau-père
Qui me traita
avec une grande cruauté. »
La fée dont le
pouvoir égalait la beauté
Lui dit : « Prenez
vingt-neuf matelots. Soyez preste
A vous rendre à
Naz ; je me charge du reste. »
Le navire arriva
au royaume en tirant
Des coups de
canon. Les officiers du tyran
Vinrent demander
ce qu’il voulait. Tranquille,
Le fils du
pilote leur dit : « Je veux la ville. »
Ils rapportèrent
ces braves paroles au roi,
Qui dit aux
officiers, en riant sans effroi :
« Demandez-lui
s’il veut que son navire coule
Aujourd’hui ou
demain, à ce jeune homme sans ciboule. »
« Je ne
partira point et je ne vous crains pas. »
Leur dit le
prince. « Vous voulez votre trépas,
Lui répondit-on,
en nous bravant de la sorte !
Qui êtes-vous ? »
La colère du roi fut très forte
Quand il apprit
qui il était. Il ordonna
De couler le
navire hardi, et s’étonna
Du courage de ce
jeune homme et de son siège.
Ses hommes ne
pouvaient tirer, pris au piège,
Une moitié
loucha et l’autre éternua.
Il atteignit le
roi sans peine il le tua
Et alla
retrouver sa gracieuse épouse.
Les fées même de
leurs noces furent jalouses,
On y mangea et
on s’y soûla à loisir,
Joyeux de
contempler les sangliers rosir
Et se remplir de
vin les coupes pesantes
Qui faisaient
taire les bouches médisantes.
[FIN DU CONTE: LE PILOTE DE BOULOGNE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
jeudi 5 février 2015
Conte: Le Pilote de Boulogne (Partie V)
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