CONTE: LE PILOTE DE BOULOGNE (PARTIE II)
II. Ce que le jeune garçon, devenu un jeune homme et
l’époux de la princesse, décida de faire
En bravant la
mer et ses ondes fatales,
Le vaisseau
arriva à la capitale
Qu’il salua par
vingt et un coups de canon.
La ville hospitalière,
qui ne lui dit pas non,
Par la même
salve répondit avec liesse.
Le petit fut
charmé de la gentillesse
Du roi qui,
comme son fils, l’éleva avec soin
En veillant à
combler tendrement ses besoins.
A dix-huit ans,
il le maria à sa fille
Qui avait son
âge, belle comme le soleil qui brille.
Le fils du
pilote, par le remords rongé,
Ne pouvait s’empêcher
de maintes fois songer,
Alors qu’il
vivait dans l’abondance éternelle,
A ses vieux
parents et sa fuite criminelle.
« Ils ne
sont pas bien riches. J’aimerais les revoir,
Dit-il à son
épouse, et faire mon devoir
De rendre leur
vieillesse moins pénible à vivre.
Je reviens en
France. Voulez-vous me suivre ? »
Sa femme, qui
trouva son désir naturel,
Promit de le suivre
sans trembler des pétrels.
Au royaume de
Naz, comme la nuit étoilée
Par les nuages,
femmes et filles demeurent voilées,
Et la tradition
veut que même à leur époux,
Avant de devenir
mères, elles cachent leurs traits doux.
Quand le jeune
homme alla prier son beau-père
De le laisser
partir, ce dernier, sévère,
Avant de
voyager, lui fit faire le serment
De ne point voir
de sa femme le visage charmant,
En lui
promettant, s’il fait la découverte
D’une trahison,
une punition très verte.
Le prince et la
princesse, naviguant sans soucis
Sur les flots
constants et par les brises adoucis,
Arrivèrent à
Boulogne et quittèrent le navire.
Dès que les gens
de la douane les virent,
Ils coururent sans
délai dire aux autorités,
Sans croire
eux-mêmes que c’était la vérité,
Que le prince et
que la princesse de Naz venaient
Visiter la ville,
et en France se promenaient.
Quand ils
débarquèrent, ils étaient ravis de voir
Toutes les
autorités qui vinrent les recevoir
Et leur offrir,
pour que leur séjour fût tranquille,
Les plus beaux
appartements qu’il y avait dans la ville.
Le jeune homme,
de ce grand cortège environné,
Vit un homme
âgé, de cet accueil étonné,
Près d’un vieux
mur, vêtu d’une vareuse usée.
Comme sa mémoire
ne fut jamais abusée,
Il reconnut son
père ; de le voir enchanté,
Il lui demanda
des nouvelles de sa santé,
Le pilote
surpris ne cacha point sa joie
De voir cet
homme qui était vêtu de soie
Et couvert de
diamants, venir pour s’informer
De sa santé, et
pour un hère s’alarmer.
« Me
reconnaissez-vous ? lui dit-il, j’espère
Que vous ne m’avez
point oublié, mon père,
Car je suis
votre fils qui vous fut enlevé. »
Le vieux pilote,
de son enfant longtemps privé,
L’embrassa en
versant des larmes moins amères
Que quand il fut
ravi. « Comment va ma mère ?
Lui demanda-t-il.
Vit-elle ? Garde-t-elle raison ? »
« Oui, bien
vieille et bien pauvre, elle est à la maison. »
Répondit le
père. « N’ayez nulle inquiétude,
Repartit le
prince, car votre solitude
Sera bientôt
finie, et je suis revenu
Pour que vous
soyez aises comme vous êtes chenus,
Avant que je
devienne roi et vous emmène. »
Le prince resta,
chez ses parents, trois semaines.
Un jour, sa mère
lui dit : « Je trouve bien curieux
Que le visage de
ta femme demeure mystérieux. »
« Au pays,
l’on dit qu’il est de mauvais augure,
Expliqua-t-il,
de voir de sa femme la figure
Avant qu’elle ne
devienne mère, et j’ai juré
Au roi mon
beau-père, de ma foi assuré,
Que je respecterai
cette antique coutume. »
« Tu dois
en avoir, mon fils, bien de l’amertume !
S’écria la mère.
Les coutumes ne t’aideront
Pas à savoir si
ta femme est un laideron
Ou si on t’a
marié à une personne belle.
Oublie ton
serment ; il faut que tu te rebelles,
Ton beau-père n’en
saura rien, même s’il est roi,
Si tu t’y prends
comme il faut et tu es adroit. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
samedi 31 janvier 2015
Conte: Le Pilote de Boulogne (Partie II)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: