Du convoiteux et de l'envieux
A Halim
Bouallegue
Bien longtemps
avant que ne fussent écrits ces vers,
Vivaient deux
compagnons qui étaient gens pervers.
L’un était
convoiteux et toujours insatiable,
Et l’autre était
envieux et un méchant diable
Que le bien des
autres toujours désespérait ;
L’Envieux, empli
de haine, dans l’ombre soupirait,
Et l’autre était
plein de rage. Le sort rassemble
Souvent les
méchants ; un jour qu’ils étaient ensemble
A faire la route
et à maudire le destin,
Ils rencontrèrent,
dans une plaine, saint Martin.
Le saint, en
contemplant leurs mines peu pieuses,
Reconnut sans
peine leurs inclinations vicieuses
Et de leurs cœurs
jaloux la noire perversité.
Mais, tandis qu’ils
parlaient d’or et d’adversité,
Il marcha avec
eux sans se faire connaître.
Près d’un petit
carrefour, avant de disparaître,
Il leur dit : « Mes
amis, il est temps de partir,
Et pour m’écouter
je vous prie de ralentir.
Je suis saint
Martin, et grâce au divin Maître,
Je puis, sans
vous mentir, tous deux vous promettre
De vous accorder
un don, à la condition
Que celui qui va
se taire par abnégation
Ait de ce que l’autre
a demandé le double. »
Les deux fripons
furent plongés dans le trouble,
Le Convoiteux, à
cause de son vice, frémit
De faire un vœux,
et de se taire se promit
Afin d’avoir
encor deux fois davantage.
L’Envieux aussi,
n’aimant guère ce partage,
Se tut, et l’autre
lui disait : « Allons, l’ami,
Parle et ne
tremble point. Ce saint, Dieu l’a mis
Dans notre
chemin, pour nous rendre bien prospères.
Parle et tu
auras tout ce que tu espères,
Tu seras
toujours riche et tu peux être roi. »
Mais l’Envieux
se taisait et était plein d’effroi
A l’idée que ce
drôle, grâce à son assistance,
Devînt plus
riche, et rejetait cette instance.
Tous deux
restèrent ainsi, indécis, fort longtemps,
Se toisant,
muets, l’un de l’autre mécontents.
Ils se
querellèrent et s’injurièrent avec haine,
Et pour les
calmer toutes les paroles furent vaines ;
L’Envieux enfin,
colère, pria, le cœur hideux,
De perdre un œil,
pour que l’autre perdît les deux,
Et le saint
exauça sans délai sa prière.
L’un s’éborgna,
l’autre ne vit plus la lumière,
Au lieu d’être
tous les deux riches et bienheureux.
Ils avaient
mérité, sans doute, ce sort affreux,
A cause de leur
fureur et de leur bêtise.
La noire
jalousie, comme la blême convoitise,
Est un feu qui
finit par embraser celui
Dans le sein
duquel il se répand et reluit.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
vendredi 6 février 2015
Du Convoiteux et de l'Envieux
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