CONTE: LE PILOTE DE BOULOGNE (PARTIE III)
III. De quelle manière le jeune prince, pour avoir
trahi sa foi, fut châtié par le roi
Le fils du
pilote raconta à sa femme
Ce que lui dit
sa mère. « Tu sais que je t’aime,
Lui dit-elle. Je
veux bien te souffrir de me voir,
Mais mon père
pourrait vite s’en apercevoir,
Car des
magiciens du pays il est proche.
Il ne va pas
seulement faire des reproches ;
Sans remords de
tes grades il te priverait,
Et de nous deux
avec cruauté se vengerait. »
Mais la
princesse, blanche comme une hirondelle,
Ôta son voile. A
la main une chandelle,
Son mari s’approchait
pour mieux la contempler,
Impatient, avant
qu’il ne l’entendît l’appeler,
Et sur sa joue
il laissa tomber une flammèche
Qui la brûla.
Hagarde et la gorge sèche,
Elle s’écria : « Ah !
mon père va maintenant savoir
Que je l’ai
trahi et n’ai pas fait mon devoir !
Nous sommes
perdus ! Il nous châtiera sans vergogne. »
Le vaisseau,
cependant, quitta la Boulogne
Et revint à Naz.
En arrivant au pays,
Le roi dit au
prince : « Avez-vous obéi
A mes ordres ? »
« Oui » lui répondit le jeune homme.
Pour s’en
assurer, il demanda à sa femme :
« Est-ce
que ton mari a voulu te dévoiler ? »
« Non,
père. » Dit-elle. « Il est mieux de vous en aller,
Repartit le roi,
si vous me dites des mensonges,
Car vous n’imaginerez
point, même dans vos songes,
Le sort qui vous
attend si vous m’osez braver. »
Seul avec sa
fille, il lui dit : « Pour te laver
Des soupçons,
ôte ton voile, ma douce mignonette. »
Elle le fit.
Pour voir, le roi mit ses lunettes,
Et en apercevant
la brûlure s’écria :
« Malheureuse,
disparais ! » Sa fille le pria
D’épargner son
mari ; mais, devenant redoutable,
Il entra dans
une colère épouvantable,
Et envoya
chercher ses puissants magiciens,
Ses fées et ses
sorciers aux savoirs anciens,
Et il leur
demanda aussitôt de rendre
Le plus difforme
des hommes son pauvre gendre.
Un sorcier dit : « Borgne
d’un œil, de l’autre il louchera. »
« Il sera
bossu quand mon charme le touchera,
Dit un autre
sorcier, par devant et par derrière. »
« A son dos
je ferai tourner sa tête altière. »
« Sa bouche
sera fendue jusqu’aux oreilles. » « Son nez
Sera un prodige
dont vous vous étonnez. »
« Il sera
boiteux et ne marchera qu’avec peine. »
Quand les
sorciers firent ces vœux pleins de haine,
Le pauvre garçon
fut horrible à voir. Fougueux,
Le roi le chassa
de sa cour comme un fou gueux.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
dimanche 1 février 2015
Conte: Le Pilote de Boulogne (Partie III)
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