vendredi 30 janvier 2015

Conte: Le Pilote de Boulogne (Partie I)

CONTE: le pilote de Boulogne (PARTIE I)


I. Ce qui arriva au vieux pilote et à son jeune fils en mer

Il y avait jadis un vieux pilote retraité
Qui avec sa femme et son jeune fils bien traité
Habitait Boulogne. Comme il n'était point prince
Et que sa retraite était des plus minces,
Il acheta une barque et chaque jour allait pêcher.
Quand le soleil brillait, le garçon alléché
Par la mer, désirait partir avec son père ;
Mais, craignant que les flots ne fussent point prospères,
Le vieux marin tremblait pour lui et refusait.
Mais l'enfant était un diablotin qui rusait
Et lassait ses parents avec ses fardages ;
Il se cacha parmi les voiles et les cordages,
Et quand la barque prit le chemin de la mer,
Il en sortit et dit, de sa ruserie fier :
« Ah! papa, me voici avec vous à la pêche,
Et rien d'aller en mer maintenant ne m'empêche. »
Le père se fâcha et promit de le punir,
Mais au rivage il ne pouvait plus revenir.
Le bateau atteignit les riches parages
Qui étaient du poisson les heureux pâturages;
En ce moment le vieux marin vit un galion
Qui pour entrer au port arborait pavillon.
La barque s'approcha, et les gens du navire
Demandèrent au bonhomme à bord, quand ils le virent,
S'il était pilote. « Oui, seigneurs, je l'ai été,
Dit-il. Mais cette barque est ma propriété
Car je ne le suis plus, étant en retraite,
Et ne puis vous aider, hélas, dans votre traite. »
Son fils et lui montèrent à bord. Le grand bateau
Venait du pays de Naz. L'arrêt du château
Etait de ramener un jeune français au royaume
Pour l'élever et que la princesse devint sa femme.
Ceux que le roi chargea de cette noble mission
Pour l'enfant qu'ils crurent pauvre eurent de la compassion,
Et en voyant sa mine vive et intelligente
Se dirent: « C'est notre affaire, et la chose est urgente ;
Cet enfant est digne de nos diligents soins,
Et de chercher encor nous n’avons plus besoin. »
Ils donnèrent à manger et boire au pilote,
Puis lui dirent, après qu’ils eurent fait la parlotte,
De descendre dans sa barque et de repartir.
Quand il y fut, il leur cria de ralentir
Et demanda son fils, mais ils déclarèrent
Qu’ils voulaient le garder, et ils s’égarèrent
Rapidement dans la mer, laissant se désoler
Le père malheureux qui vit son fils s’envoler.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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