mardi 3 février 2015

Conte: Le Pilote de Boulogne (Partie IV)

CONTE: LE PILOTE DE BOULOGNE (PARTIE IV)


IV. Les deux fées que le fils du pilote rencontra dans les bois, et ce qu’elles firent pour lui rendre service

Le fils du pilote, qu’on rendit difforme,
Voyagea un temps qui lui sembla énorme
Car marcher le lassait et le faisait souffrir.
Devant ses yeux il vit, dans la forêt, s’offrir
Une petite cabane où était une femme vieille
Qu’il vit cueillir lentement de rouges groseilles.
C’était une fée qui vivait en cet endroit
Et qu’avait oublié d’inviter le roi.
« N’êtes-vous pas le gendre du roi ? » Lui dit-elle.
« Hélas ! oui » répondit-il. « Votre mine est telle
Que l’on voit qu’on vous a méchamment arrangé,
Et qu’en bonhomme hideux ses sbires vous ont changé. »
De douleur la bouche du prince était muette,
La fée alla chercher sa magique baguette,
Et dit : « Ma voisine m’a appris votre sort,
Et je me suis promis, si vous n’êtes point mort,
De vous ôter de vos maux la moitié funeste. »
A le toucher de baguette elle fut preste ;
Il vit des deux yeux, son nez qui faisait pitié
Diminua, comme sa bouche, de moitié,
Il n’eut plus qu’une bosse, sa tête fut tournée
Seulement en côté, et en cette heureuse journée,
Il cessa de boiter, en rendant grâce à Dieu
Et en remerciant la bonne fée de son mieux.
Cette dernière lui remit ensuite une lettre
Pour sa voisine, où elle la priait d’être
Clémente, et le rendre plus bel homme qu’avant.
La malheureux prince se rendit, en rêvant,
A sa maison. D’une manière respectueuse
Il la salua, et la fée affectueuse
Le reconnut, prit sa baguette et souhaita
Que la malédiction des sorciers s’arrêtât
Et qu’il eût le corps droit et la figure gracieuse,
Ce qui s’accomplit. Pour son aide précieuse
Le jeune homme remercia la fée éloquemment.
Elle lui dit : « Vous voulez sans doute impatiemment
Retourner chez votre femme ; prenez bon courage,
Et du roi ne craignez point la cruelle rage.
Voici une boule qui devant vous marchera
Et à votre place, enchantée, cherchera
Le chemin du château, empli de lumière.
Prenez aussi ces deux épées ; la première
Occira tous ceux qui voudront vous arrêter,
La deuxième épée aux fauves fera regretter
D’oser vous attaquer, de leurs proies friandes.
Prenez ce morceau de pain et cette viande,
Et soyez bien prudent quand vous irez, demain,
Suivre, prince, votre difficile chemin. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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