| LES SONGES DE SAINT PATRICE (sixième PARTIE)
VI 
Le roi courroucé
s’écria : « Qu’on me l’amène, 
Ce démon qui a une
figure humaine ! 
Ce sombre apôtre
de la nuit et du malheur, 
Cet ennemi de mon
royaume, comme les voleurs 
Sera pendu, ou
bien brûlé comme les sorcières ! 
Mon fils s’appelle
Uther et Niall est mon père, 
Ce pays à notre
noble sang est soumis, 
Et un esclave ose
être mon ennemi 
Et me braver ?
Qu’il vienne ! » Rose comme une vierge, 
Patrice parut. A
la main il avait un cierge 
Et de ses
disciples fidèles et bien-aimés 
Qui portaient en
marchant des flambeaux allumés 
Etait suivi, comme
l’onde par l’onde est suivie. 
Au roi il dit : « Je
vous contemple sans envie, 
Vos menaces ne m’effraient
pas, vous n’êtes qu’un mortel. 
Un relent se
répand de votre noir autel : 
Le relent de la
haine et de l’idolâtrie ! 
Quant à nous,
chrétiens, nos cœurs et nos bouches prient 
Le vrai et seul
dieu. En cette nuit où Jésus-Christ 
Qui fut ressuscité
après avoir péri 
Rayonna sur Terre
et dans le ciel, son empire, 
Nous portons,
prosternés, des torches de cire 
Qui sont parfumées
comme la fleur de Jessé ; 
Des sueurs du pin,
des pleurs du cèdre versés, 
Ces torches qui
reluisent pour notre prophète 
Ne s’enivrent
point. Du suc des fleurs elles sont faites 
Et sont pleines de
mystère et de virginité. 
Avec notre
Seigneur de joie ressuscités, 
Les hommes se
souviendront de notre passage, 
Ces flambeaux
éphémères et doux sont les présages 
Du soleil éternel
qui reluira pour nous, 
Le dieu
tout-puissant que nous prions à genoux 
Nous voit et nous
entend car nous sommes ses prêtres. » 
Laégaïr troublé
demanda à l’apôtre : 
« Ô, toi,
spectre errant, mystérieux inconnu, 
Dis, dans mon
royaume pourquoi es-tu venu ? 
Désires-tu des
richesses ? Veux-tu une ville ? » 
« Je viens
seulement pour prêcher l’Évangile 
Et ses divines
promesses, et à Dieu j’obéis, 
Répondit le saint.
Je viens d’un sombre pays 
Où j’ai été esclave.
Ce n’est point la haine 
Mais c’est l’amour
qui me conduit. De mes chaînes 
Grâce à Dieu et à
son fils, je suis libéré ; 
Je libérerai cette
nation qui a erré 
Trop longtemps
dans l’ombre qui lui semble éternelle 
Du joug de ses
rois et déités criminelles, 
Mon âme est pure,
mon cœur est sans inimitié. » 
Des chefs qui
étaient là la juste moitié 
Prit parti pour
Patrice. Mais le roi en colère 
Le jeta en prison
puis, sombre et sévère, 
Cria : « Sur
ce bûcher par sa bouche blasphémé 
Cet homme sera
demain, à cette heure, consumé. » 
L’heure terrible
vint. Dans les lieux de culte, 
Le bûcher semblait
dire à Dieu des insultes, 
Ouvrait sa gueule
obscure, farouche et rayonnant.  
Saint Patrice
était calme, marchait en pardonnant 
A ses ennemis, aux
lèvres un sourire ineffable, 
Et au Christ avant
sa mort était semblable. 
Le roi Laégaïr
riait comme un vautour 
Et disait : « Que
ton dieu vienne à ton secours ! 
N’est-il pas tout-puissant ? Qu’est-ce qui l’empêche 
D’éteindre le feu
qui embrase ces branches sèches ? 
C’est la mort qui
t’attend, esclave. Tu vas périr 
Mais avant, cette
flamme te fera bien souffrir ! » 
Saint Patrice ne
montrait aucune faiblesse 
Et souriait.
Soudain, la celtique prophétesse 
Qui s’appelait
Brigitte, fille d’un druide vénéré, 
S’écria : « Vous
serez maudits, déshonorés 
Et châtiés par le
ciel, si vous brûlez cet homme ! 
Et toi, Laégaïr,
tu perdras ton royaume ! 
Le noir firmament
pour moi n’a aucun secret,  
C’est lui qui vous
l’envoie. Alors soyez prêts 
A me brûler avec
lui, si vous êtes impies 
Au point de braver
le ciel qui vous épie ! 
Je connais l’herbe
de joie qui unit les cœurs, 
Je connais la
fleur d’or dont la divine liqueur 
Dévoile l’avenir,
guérit et soulage, 
Et les charmes de
la verveine et du sélage, 
Mais cet homme
possède,  grâce à la fatalité, 
La fleur
mystérieuse de l’immortalité. 
J’ai vu son dieu
et son ange aux ailes déployées, 
Je les ai vus et j’en
ai été foudroyée ! 
Le seul et le vrai
dieu, c’est son dieu crucifié, 
Je crois en lui et
en vain vous l’avez défié, 
Par vos actions
cherchez plutôt à lui plaire. » 
Le roi et les
druides effrayés reculèrent 
Car ils
entendirent la voix du Destin, 
Et le feu qu’ils
avaient allumé fut éteint. 
[A SUIVRE] 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène | 
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2197.
mardi 7 août 2012
Les songes de saint Patrice (sixième partie)
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Saint Patrice le pieux se soucie de tout .
RépondreSupprimerEn effet, le sort de l'humanité l'inquiète plus que son propre sort.
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