Les songes de saint Patrice (première partie)
I
Patrice, fils d’un
breton et d’une belle gauloise,
A Dieu lui-même
semblait chercher noise.
Dans les bras des
amantes et les coupes de vin,
Il noyait ses
jours, ces doux présents divins,
Et il croyait
moins au Christ qu’en Épicure ;
Dans les couches
infâmes des courtisanes impures,
Il allait chercher
un éphémère bonheur.
Bien qu’on le
baptisât chrétien, avec horreur
Il contemplait ces
sœurs éprises des prières
Et qui s’en
allaient dans la douce lumière
Aux petites
chapelles aux cintres bas, en chantant
Et en montrant aux
hommes éblouis les pans flottants
De leurs coiffes
blanches, pareilles à des ailes.
Il employa maintes
fois son sombre zèle
A séduire ces
pauvres nonnes, femmes malgré tout,
Avec des sourires
complices et des vers doux
Comme s’il voulait
ravir au paradis ces âmes,
Au Christ ses
épouses et à Dieu ses femmes.
Sa fougueuse
jeunesse fut amoureuse des combats,
Il disait
souvent : « Mon salut est ici-bas,
Comme le vôtre est
ailleurs ! Briser un cœur de pierre,
Embrasser une
nymphe, étreindre une beauté fière,
Voir reluire des
yeux qui semblaient pourtant cruels,
Terrasser l’ennemi
qui vous provoque en duel,
C’est ce qu’il y a
de plus doux. Au Diable vos mensonges !
Dieu est une
illusion et le Christ est un songe,
Comme le salut, le
paradis et l’enfer !
Marie elle-même
gémirait de mes fers
Et elle
m’aimerait, si elle vivait encore !
A vous la noire
nuit, à moi la blanche aurore,
A vous les
privations et à moi les excès,
A vous la gloire
et à moi le succès !
Aujourd’hui me
plaît et demain vous inquiète,
Je suis à la fois
mon dieu et mon prophète,
La vérité n’est
point dans vos livres sacrés
Mais elle reluit
dans les yeux adorés
D’une femme qui
consent à être votre amante,
Auguste déesse
comme le printemps charmante. »
Et les prêtres, de
son salut désespérés,
S’en allaient, et
on les entendait soupirer.
Une nuit Bononia,
qui vit Patrice naître,
Fut soudain
assaillie par les vaisseaux traîtres
Des farouches
pirates aux sombres étendards,
Serpents
empoisonnés qui lèchent avec leurs dards
Chaque fois qu’ils
passent, les villes et les ondes.
Leurs crimes
furent inouïs et le massacre immonde,
Les enfants et les
femmes ne furent point épargnés,
Du sang des
victimes tout fut imprégné,
Toute la ville
devint une cendre immense,
Pillée et brûlée
par ces monstres en démence,
Insatiables démons
vomis par les enfers.
Les innocents
rougirent les ondes de la mer
Et le ciel
s’emplit de leurs effroyables cris.
Toute la famille
de Patrice périt
Et les pirates,
voyant qu’il était fort et jeune
Et pouvait
supporter la fatigue et le jeûne,
L’emmenèrent,
enchaîné, sur l’un de leurs vaisseaux
Comme une feuille
morte tombée dans un ruisseau.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
jeudi 2 août 2012
Les songes de saint Patrice (première partie)
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