LES SONGES DE SAINT PATRICE (huitième PARTIE)
VIII
Le druide
poursuivit : « Cette lumière victorieuse
Vient du troisième
cercle, immense et glorieuse,
De la Liberté et
de la Félicité
Et traverse le
cercle de la Nécessité,
Elle reluit, elle
bénit et console,
Et transcende le
cercle, immense auréole,
De la Douleur et
du Trépas. Ton dieu est fort
Plus que les
nôtres, car il est descend sans effort
Du ciel sur la
terre et remonte à sa demeure. »
« Si tu le
sais, reçois le baptême et pleure
Pour que Dieu te
pardonne, et sois bon et patient. »
« Et l’illustre
Finn ? Et le radieux Ossian ?
Où finiront ces
grands héros, mes ancêtres ? »
Demanda le druide.
« Ils vont comparaître
Devant le
Seigneur, et en enfer iront. »
« Ô, noble
Patrice au céleste et doux front,
Sauve-les, ou dis
à ton dieu de le faire. »
Implora Dubtak. « Je
ne veux point déplaire
A celui qui créa
les hommes et l’univers
En le priant pour
qu’il sauve du feu de l’enfer
Tes ancêtres.
Sache que Dieu lui seul scelle
Le sort
inéluctable des âmes rebelles,
Et sache aussi que
je suis qu’un messager
Qu’il envoie dire
son nom au monde affligé. »
« Alors je ne
vais point recevoir ton baptême
Et où qu’ils
soient, j’irai rejoindre ceux que j’aime !
Répliqua le
druide. Ton dieu, je n’en veux pas,
Et je lui préfère
le feu et le trépas !
S’il était en
enfer avec son prophète
Les épées de mes
braves héros eussent été prêtes
Malgré les
flammes, à le secourir vaillamment. »
Saint Patrice
baissa la tête tristement
En entendant ces
mots, et dit une prière douce.
Sous les pierres
sacrées couvertes de mousse,
Avec ses ancêtres,
Dubtak alla dormir.
On écouta maintes
fois sa lyre gémir
Sur cette montagne
antique que les aigles gardent,
On le vit comme
une apparition hagarde,
Apparaître parfois
sans jamais revenir.
Les adorateurs du
dolmen et du menhir
S’élevant comme
des géants au-dessus des bruyères
Se repentirent de
leurs péchés et prièrent
Le seul et le vrai
dieu, implorèrent son pardon
Et cessèrent d’entendre
le chant des cornadons ;
Le druidisme comme
une brise quitta le monde.
Mais Saint
Patrice, clément, n’obligea point les bardes
Repentis, à
quitter leurs anciennes traditions.
Ils chantèrent,
éblouis, ses divines navigations,
Sa voile pareille
à un cheval sans bride,
Son voyage en
Islande, ses missions aux Hébrides,
De quelle manière
il fut, visiteur attendu,
Avec Jésus-Christ
au purgatoire descendu
Comme Dante après
lui avec l’antique Virgile,
L’étoile aux
rayons d’or, le vent aux pieds agiles
Qui lui avaient
montré le mystérieux chemin
Des rivages
édéniques invisibles aux humains
Où il vit s’élever,
par-delà les tropiques,
Les monastères
flottants, les cathédrales épiques
Et les herbes
géantes pleines d’oiseaux d’azur
Qui chantent au
fils divin des chants bénis et purs ;
Ils dirent les
houles et les mers polaires,
Les béatitudes et
la paix solaire,
Les îles éternelles
et bienheureuses aux pommes d’or
Où dans le repaire
de l’agneau le loup dort
Et où de belles
jeunes filles, vierges magnifiques,
Dansent, bercées
par les lyres séraphiques,
Sous l’aurore infinie
au sourire vainqueur
En se tenant par
la main, dans le même chœur.
Dans la bouche des
peuples jadis idolâtres,
Lorsque le feu
fécond pétillait sur l’âtre,
A l’heure où les
montagnes chantent avec les bergers,
On répétait son
nom doux pour se protéger
Des périls de la
vie et de la nature ;
Les femmes enceintes
que l’enfantement torture,
Les enfants des
soldats, les femmes des marins,
Les misérables
esclaves et les rois souverains
Disaient ce nom
dont la sainte mère est éprise
Pendant leurs
labeurs et avant leurs entreprises,
Mais saint
Patrice, lui, leur disait : « Prononcez
Le nom de Dieu au
lieu de mon nom, et cessez
De m’adorer. Je ne
suis que le valet humble
Du Seigneur, et
comme vous de lui je tremble.
Je ne suis qu’un
peu d’ombre ; il est le jour béni
Qui rayonne pour
moi et pour vous, infini.
Avec son fils
bientôt je serai à sa droite
Quand mon âme s’envolera
loin de ma tombe étroite.
Je périrai et vous
allez périr. Alors,
Ayez la foi, car
elle est le bienheureux port
Auquel Dieu
conduit les âmes pénitentes et justes. »
Le peuple, en
entendant ces paroles augustes,
De Dieu implorait
le pardon et la merci
Et pleurait, et le
saint comme lui pleurait aussi.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
jeudi 9 août 2012
Les songes de saint Patrice (huitième partie)
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