mardi 27 septembre 2016

Les spectres

les spectres

Francisco de Goya, Disparate funèbre (1815-1823)

Minuit, heure sombre et redoutable
Où les spectres sortent de leurs tombeaux,
Et où on voit reluire, effroyables,
Leurs yeux radieux comme des flambeaux !

Ennemis des vivants, ils hantent la terre
Et emplissent les bois de leurs grands cris,
Et vagabondent, augustes et austères,
De la nuit et des ténèbres épris ;

Le monde est pour eux un manoir immense !
Chaque soir, ils déchirent leurs linceuls,
Et esprits en lambeaux, dans leur démence,
Terrifient les amants, dans l’ombre seuls !

Ils raillent leurs éphémères caresses
En leur montrant leur sourire moqueur,
Et ils s’envolent avec allégresse
Comme les parfums des vieilles liqueurs !

Et quand dans le ciel reluit l’aurore,
Ils reviennent à leurs tombeaux délabrés
De la mort terribles métaphores,
Et à leurs corps par les vers démembrés. 


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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