deux vieux
Francisco de Goya, Deux vieux (1819-1823)
Deux vieillards décrépits, l’un s’appelant le Temps,
Railleur et comme ses haillons vétuste,
Et l’autre, sur sa canne appuyé, auguste,
S’appelant la Vieillesse, hagard et écoutant,
Etaient debout. A la Vieillesse le Temps dit :
« Moi, je passe, et tu viens, ennemie de la vie,
Tu prends l’espoir avant qu’elle ne soit ravie,
Assassinant deux fois tous les hommes maudits ;
Tu fais choir tout à coup leurs cheveux et leurs dents,
Comme la tempête fait choir des feuilles mortes,
Vent d’effroi, du tombeau tu ouvres les portes,
Et tu désespères les cœurs les plus ardents !
Sans un remords, tu ploies leurs dos ; ils sont pareils
A des crève-la-faim courbés par la besogne,
Et moi je les berce et les endors sans vergogne
Pour que la Mort vienne soudain dans leur sommeil.
Ils rêvent, ces damnés, dans leur douce torpeur,
Et toi, rayon brutal, tout à coup les réveille,
Moi, je suis l’ennemi qui de loin les surveille,
Je les emplis d’espoir, tu les emplis de peur ! »
Et le Temps ricanait, ténébreux et moqueur,
Tandis que la Vieillesse, en restant muette,
Se reposait sur sa canne désuète,
Faisant tomber les vers qui lui rongeaient le cœur.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
lundi 19 septembre 2016
Deux vieux
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: