dimanche 18 septembre 2016

Les Moires

Les moires

Francisco de Goya, Moires (1819-1823)

Les Fileuses errantes et immortelles,
Habitantes du vaste firmament,
Contemplent, souriantes et cruelles,
Les hommes qui s’agitent bruyamment,

Pareils à des fourmis aveugles et vaines
Cherchant sans répit la porte et le port,
Tandis que ces créatures souveraines
Comptent le temps et méditent le sort ;

Clotho, la patiente, tisse la vie,
Lachésis déroule ce frêle fil,
Atropos le coupe, sombre et ravie,
Avec sa loupe, ouvrant son œil subtil,

Une autre créature contemple
L’accomplissement des sombres destins,
Et ces divinités ennemies des temples,
Des encens, des prières et des festins,

De l’humanité raillent les chimères,
Les vœux des amants, la gloire des rois,
Les pères, les enfants et les mères,
Emplissant le monde d’un vague effroi,

Car chacun sait qu’un jour viendra son heure,
Que, sombre ironie ! on naît pour mourir,
Que le tombeau est l’ultime demeure
Où tout vie qui tombe va pourrir

Comme un fruit mûr que cueille la tempête;
Que les vers luisants, dans l’ombre tapis,
Attendent, viles et répugnantes bêtes,
Leur festin, en s’agitant sans répit !


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 


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