mardi 30 août 2016

Conte: U denti paladinu (La dent du paladin) (Partie II)

CONTE: U DENTI PALADINU (PARTIE Ii)

Conte: U denti paladinu (Partie I) 

II. Ce qui arriva au chevalier à l’issue de son aventure 

Le chevalier entra, grâce à la défense,
Au château du Diable blême de cette offense,
S’il l’eût sue, mais il n’en fut pas, ce soir-là, instruit,
Car les dragons dormaient sans qu’ils ne fissent un bruit.
Le château était beau, riche et vénérable,
Aucun autre ne lui était comparable :
Avec de gros diamants il était tout pavé,
Il était éclairé, pour mieux défier Yahvé,
Par des lampes d’or dont l’huile était parfumée.
L’encens montait, comme une enivrante fumée,
Dans de vastes salles où causaient doucement
Des statues de marbre qui souriaient lassement.
Une statue parla au chevalier pâle :
« Que viens-tu faire dans la demeure fatale
Du Diable, vain mortel ? » et une autre reprit :
« Pour venir ici tu as dû perdre l’esprit,
Homme insolent ! Je veux te rosser pour ce crime,
Mais tu es chevalier, je préfère l’escrime ; 
Prends cette épée et bats-toi donc jusqu’à la mort. »
Le chevalier tendit la main, mais du noir sort
Que lui prédit la fée, se souvint et fit taire
Sa colère aussitôt. Crâne et solitaire,
Il marcha en cherchant la dent du paladin,
Et fut bientôt dans un magnifique jardin
Où le Diable faisait chaque jour sa promenade.
Il y avait des arbres rares et des naïades
Qui se baignaient dans des ruisseaux profonds et clairs ;
Les arbres, dont la cime embrassait doucement l’air,
Etaient appesantis de fruits et de fleurs lourdes.
Le chevalier avait faim, mais il prit garde
De cueillir le moindre fruit. Les oiseaux, chantant,
Lui dirent : « Prends ces fruits ! Mange ! », le tourmentant,
Mais il ne céda pas à ce désir funeste
Et poursuivit sa route en marchant, moins leste,
Car il était bien las. Dans une salle il vit,
Après le beau jardin, apeuré mais ravi,
Les plus belles femmes qu’il y avait au monde.
La plus belle lui dit de sa voix profonde :
« Soyez le bienvenu ici, beau chevalier.
Le sort dans cette nuit semblait nous oublier,
Nous attendions vainement notre sauveur, sire ! »
Et elle poursuivit avec un doux sourire :
« Acceptez, je vous prie, quelques rafraichissements ; 
Après tant de hasards vous soupirez lassement,
Reposez-vous un peu de votre voyage. »
Il faillit bien être séduit par ce langage, 
Mais notre chevalier, malgré son ravissement,
Se souvint de la fée et son avertissement ;
Craignant un sinistre piège, il prit la fuite.
Dans une chaude salle il se trouva ensuite,
L’air était si pesant qu’il semblait un fardeau
Qui appesantissait et les pieds et le dos.
Le chevalier marcha dans cette géhenne
Trente jours et trente nuits, chose herculéenne !
Mais la faim et la soif le tuaient lentement,
Pour mourir n’attendant point notre consentement.
Le malheureux soudain vit la dent enchantée
D’où coulait un vin de couleur ensanglantée
Dans un bassin profond, fait d’un beau marbre blanc.
Encore un pas à faire ! Et le héros tremblant 
Dépouillerait l’enfer d’un trésor légendaire.
Mais ce pas il ne put, le chevalier, le faire, 
Il perdit la raison, oublia son dessein
Et tomba, la tête la première, au bassin.
Les flots de vin le couvrent et soudain l’emportent
Dans un gouffre infernal plein de choses mortes.

[FIN DU CONTE: U DENTI PALADINU]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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