mercredi 31 août 2016

Conte: Le trésor du comte Renaldo (Partie I)

CONTE: le trésor du comte renaldo (partie i)

I. Ce que fit le comte Renaldo da Fozzano pour protéger son trésor, avant de partir au combat, et ce qu’il dit à son ami Buccanera 

Quand Corses et Sarrasins se faisaient la guerre,
Il existait, caché des mortels sous terre,
Dans la grotte du Diable, un trésor bien pesant,
Près du Rizzanese, loin du soleil luisant,
Et qui appartenait à un guerrier brave,
Le comte Renaldo da Fozzano. Grave
Etait l’heure, et la Mort guettait tous les guerriers.
Le comte Renaldo, se lassant de prier,
Appela le Diable : « Combattre est mon rôle,
Et tu sais que je suis un homme de parole »
Lui dit-il. « Que veux-tu ? » lui demanda Satan.
« Qu’avant que je n’aille avec mes combattants
Tuer les Sarrasins, tu gardes en mon absence 
Mon trésor, assurant contre eux sa défense. »
« Pour que je le fasse donne-m’en la moitié. »
« La moitié ? que dis-tu, démon sans pitié,
De cent âmes de ces Sarrasins ? » « Cent âmes ? »
« Oui. J’en tuerai bien cent aujourd’hui. Ces infâmes
Seront éternellement soumis à ton pouvoir. »
« Et si tu meurs ? » « Alors libre de ton devoir
Tu peux l’abandonner, il n’aura plus de maître. »
Ce fut chose conclue. Le comte, pour combattre,
Se revêtit de sa lourde armure, et monta
Sur son cheval, Terrore, que lui seul dompta.
Avec les jeunes gens qu’il y avait dans la Piève,
Il partit au combat. La bataille griève
Fut affreuse ; dans cinq heures d’inimitié
On s’entretua, on s’égorgea sans pitié.
A lui seul, Renaldo coupa plus de têtes
Qu’il n’en promit au Diable, acquitté de sa dette.
Mais il avait été mortellement blessé.
Il appela, avant sa mort, tout seul laissé,
Car beaucoup s’enfuirent et perdirent courage,
Buccanera, le seul qui vengea cet outrage,
Et qui était son plus fidèle ami, et dit :
« Je vais mourir ; que ces Sarrasins soient maudits !
Prends soin de mon enfant, et...donne-moi à boire. »
Le Diable ricana dans les ténèbres noires.
Notre comte reprit : « J’ai caché un trésor
Dans la grotte du Diable. A toi diamants et or.
Mais prends garde à Satan et suis bien mes règles : 
Il faut que tu fasses, à minuit, un pain de seigle :
Ensemble, tu cuiras le cœur d’un enfant mort,
La cervelle d’un Maure, arrachés sans remords,
Et un morceau de cierge allumé au cimetière. »
Quand la Mort fit tomber sa tête altière,
Le Diable, ricanant, vint, et sur cet aveu
Prit le comte défunt rudement par les cheveux
Et l’emmena avec joie à la géhenne
En se riant de la vanité humaine.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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