jeudi 25 août 2016

Conte: La vindetta di l'animi in pena (La vengeance des âmes en peine) (Partie II)

CONTE: LA VINDETTA DI L'ANIMI IN PENA (LA VENGEANCE DES ÂMES EN PEINE) (PARTIE II)


II. Comment les spectres se vengèrent de leur volage amant

Rinaldo le chasseur, implorant sans succès,
Fut entouré, après ce terrible procès,
Par les spectres vengeurs et emplis de haine.
Voilà que comme un vent la compagnie l’entraîne
Et qu’elle marche et court à travers la forêt,
Comme lui, à trapper son gibier toujours prêt.
Au-dessus de mille monts et précipices
Ils s’envolèrent dans les sombres cieux propices
Et furent à la triste maison de Maria.
Celle-ci, la voyant, courroucée s’écria : 
« Rinaldo ! Te souviens-tu de cette demeure
Où tu m’as séduite, avant que je ne meure,
Sur ce banc où tu m’as parlé de ton amour ?
Te souviens-tu, ce soir, de ce malheureux jour
Où je t’ai suivi, où tu m’as abandonné ? 
De ma faute je ne me suis point pardonnée. »
« Je m’en souviens, hélas ! », et les spectres violents
Le frappèrent au visage, et toujours s’envolant
Ils arrivèrent enfin à la maison de celle
Qui s’appelait Lucia. Elle était bien belle
Comme elle fut avant son terrible destin :
On entendait partout de grands bruits de festin
Et voyait reluire des lampes radieuses.
Lucia dit : « De toutes tes promesses odieuses,
Rinaldo, te souviens-tu ? Loin de les tenir,
Tu m’as abandonnée sans jamais revenir !
T’en souviens-tu ? Réponds ! » Mais il baissa la tête,
Et les spectres furieux comme la tempête
Le rossèrent si bien qu’il faillit en mourir.
« Debout ! Debout ! Ce n’est point l’heure de périr ! »
S’écrièrent les spectres, et ils continuèrent
Leur sinistre voyage, et bientôt arrivèrent 
Chez Francesca, qui dit au chasseur terrassé
Qui était, cette fois, lui-même le chassé :
« De la faim cruelle qui rongeait mes entrailles
Tu as bien profité, monstre odieux qui raille
La vertu des pauvresses, et ignore l’amour ! »
Francesca lui cracha au visage ; à son tour
Elle se vengea, le jetant par la fenêtre.
Mais il était vivant, souhaitant ne point l’être.
A travers les maquis, dans les bois sans flambeaux,
Avec le chasseur aux vêtements en lambeaux
Et au visage en sang, les fantômes allèrent.
Ils arrivèrent, pleins d’une même colère,
Au village où naquit le séducteur châtié.
Ce dernier leur criait : « Grâce ! Grâce ! Pitié ! »
Mais elles se mirent, près d’un orme, impassibles,
A tourner sans relâche, ô ronde terrible !
« Plus vite ! s’écria Maria, voici le jour. »
Et le chasseur tomba, martyr de ses amours.
Chacune s’en alla alors dans sa tombe.
Mais chut ! le coq chante. Amis, quand la nuit tombe,
Aussi ténébreuse que l’aile du corbeau,
Prenez garde aux spectres qui sortent des tombeaux.

[FIN DU CONTE: LA VINDETTA DI L'ANIMI IN PENA]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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