mercredi 24 août 2016

Conte: La vindetta di l'animi in pena (La vengeance des âmes en peine) (Partie I)

CONTE: la vindetta di l'animi in pena (la vengeance des âmes en peine) (partie I)

I. Pourquoi les spectres de Disulina, Maria, Lucia et Francesca, vinrent assiéger Rinaldo le chasseur  

Rinaldo, fier chasseur et séducteur infâme
Et qui courait autant les bêtes que les femmes,
Séduisit la jeune et belle Disulina
Puis il l’abandonna, ce qui la chagrina
Au point qu’elle s’ôta, un soir d’hiver, la vie,
Qui lui fut par l’amour d’un volage ravie.
Le traître, lui, comme si de rien n’était,
Alla chasser, tout seul, et tandis qu’il guettait
Le gibier, bien caché derrière une pierre,
Il vit une forme blanche et point familière
Qui s’avançait vers lui et ne faisait nul bruit.
« Qui est-ce ? » se dit-il, et sans en être instruit,
Il tira sur ce qui était un fantôme.
Mais la chose marchait, n’étant point un homme.
Il tira deux, trois fois, mais en vain, et prit peur :
« Qui es-tu ? Réponds-moi ! » s’écria le chasseur.
« Homme infâme, tu m’as appelée ton adorée,
T’en souviens-tu ? Et puis tu m’as déshonorée. »
« Ce n’est point possible ! Disulina ! ô Dieu ! »
« Que le nom du Seigneur dans ta bouche est odieux !
Sache que, comme moi, tes actions l’irritent ;
Mais tu seras puni comme tu le mérites. »
Aussitôt un fantôme apparut, puis il vint
Un autre, et puis un autre ! et il tirait en vain 
Le chasseur terrifié par ces mortes-vivantes.
« Ah ! Que me voulez-vous, visions d’épouvante ?
Leur hurlait Rinaldo, ah ! Maria ! Francesca ! 
Lucia ! vous êtes mortes ! Ou n’est-ce pas le cas ? »
« Oui, nous sommes mortes, et nous venons, misérable,
Pour te châtier ! » « Pitié ! » « Pour toi impitoyables, 
Tu vas souffrir, lâche qui a brisé nos cœurs
Et se croyait en nous faisant pleurer vainqueur. »
Le fier chasseur tremblait comme une pucelle.
La première qui prit la parole fut celle
Appelée Disulina : « Quel supplice, mes sœurs,
Infliger à ce traître, à ce vil oppresseur
Qui nous a fait souffrir et nous a menti toutes ? »
Maria s’écria : « La mort ! la mort, sans doute !
Seule avec mère, cet homme sans honneur
Est venu me séduire, et en bon butineur
Il a usé de tous les vils artifices.
J’étais prête pour lui à tous les sacrifices, 
Je l’ai suivi, hélas, pour mon plus grand malheur !
Et ma pauvre mère en est morte de douleur. »
Lucia parla : « Aussi léger qu’un nuage,
Ce traître vint et me demanda en mariage.
Alors que nous étions fiancés, pour m’attendrir,
Il me dit des douceurs pour mieux me conquérir,
Et moi, sotte, je crus qu’il était sincère
Et tombai dans ses bras. Les jours, les mois passèrent,
Et il ne revint pas. Alors, de désespoir,
Je me tuai avec mon enfant. Je veux voir
Cet homme mort aussi ! Qu’il meure, ce traître ! »
Francesca s’avança : « Ce misérable être
Vit que j’étais belle, mais pauvre. Il vint chez moi
M’offrit de l’or et me conta ses faux émois,
Mais je le repoussais, des jours et des semaines.
Un jour, ma faim devint tellement inhumaine
Que je cédai enfin à son vilain désir.
La honte m’assiégeait, me faisait cramoisir,
Et de douleur je me jetai de ma fenêtre.
A mort ! A mort ! Et toi, pouvons-nous connaître
Ton histoire, pauvre Disulina ? » « Hélas !
Elle est terrible et mon cœur en demeure las !
Comme vous, mes pauvres sœurs, j’en gémis et pleure.
Ne rouvrons pas la plaie ; je veux aussi qu’il meure. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: