Conte: Le spectre de la fiancée (Partie I)

CONTE: le spectre de la fiancée (partie i) I. La trahison de Carlo, et ce qui arriva à Mariuccia, qui fut sa bien-aimée Un jeune homme riche et beau de Santa Lucia, Carlo, aimait une fille appelée Mariuccia.  Celle-ci était pauvre et était fort belle, A ses désirs elle fut longtemps rebelle Et pourtant lui céda, l’aimant de tout son cœur, Et elle fit jurer à son heureux vainqueur Qu’ils s’aimeraient jusqu’au dernier jour de leur vie Et même après que la vie leur serait ravie. Le père de Carlo dit à son fils, un jour : « Mon fils, de Mariuccia oublie le vain amour, Tu as grandi, il faut se marier à ton âge, Et il n’est pas prudent d’attendre davantage. Pour épouse, je t’ai choisi une beauté Qui est jeune et riche, pour être à ses côtés Toujours heureux, toute ta vie. Epouse-la. » Mais Carlo répondit : « Je ne le puis, hélas ! Car j’ai juré d’être à Mariuccia fidèle. » « Mariuccia ! mais qu’attends-tu, mon enfant, d’elle ? Railla le père, elle est pauvre et le restera, Elle t’attristera et tu l’attristeras. Non, écoute ton père, oublie ton amourette Et cette fille à qui tu as conté fleurette. » Et le père insista tant qu’au nom du devoir    Il fit jurer à son fils de ne plus revoir Celle qui l’adorait de toute son âme. Quand Mariuccia l’apprit, sa radieuse flamme Qui la faisait vivre, la consuma si bien Qu’elle tomba malade et n’en crut d’abord rien, Puis devint toute maigre, et aux jeunes années De sa vie, pareille à une rose fanée. Un jour, elle revit Carlo, qui vit ses pleurs. Elle lui dit : « Cruel, contemple ma douleur ! Ah ! malgré tes serments vains m’as-tu oubliée, Moi qui t’ai aimé, moi que tu as humiliée ? Je ne puis le croire, tu n’es point criminel, Tu m’as juré que notre amour est éternel ! Parle donc et guéris mon cœur de ses doutes ! » Carlo continua, sans l’entendre, sa route, Et la pauvre, le cœur chagrin et plein d’amour, Mourut en soupirant et maudissant ses jours. [A SUIVRE] Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène