mardi 23 août 2016

Conte: Saint Martin et le Diable

CONTE: saint martin et le diable

Autrefois le Diable, bien verte et fertile,
Possédait la vaste plaine de Campotile.
Un jour qu’il labourait sa terre avec son bœuf
Sous le soleil luisant comme un bel écu neuf,
Saint Martin, qui passait par là, devint tout blême,
Car il le reconnut, et se dit en lui-même : 
« Il faut que je chasse Satan de ce pays. »
Il s’approcha de lui et dit : « Démon haï
De Dieu et des croyants, quitte cette plaine. »
« Quitte-la toi, plutôt, sombre tire-laine !
S’écria le Diable. Va-t’en d’ici, humain,
Laisse-moi travailler chez moi, fais ton chemin. »
« Non, Démon, je reste et je veux que tu t’en ailles
Et je n’hésiterai pas à te livrer bataille. »
Le Diable ricana : « Je peux te terrasser, 
Mais tu m’amuses bien. Dieu ne peut m’en chasser,
Car cette belle plaine est ma belle demeure. »
Le Diable et saint Martin se disputèrent une heure,
Et comme le Diable en oublia son labeur,
Sa charrue se heurta contre un rocher. En fureur,
Il la vit se briser en mille pièces.
Saint Martin s’écria alors avec liesse :
« Ah ! Satan, que dis-tu de cela, monstre odieux ?
Je ris de ton orgueil, fou qui a bravé Dieu !
Travaille maintenant si tu peux le faire. »
Et voilà le Diable, sans qu’il ne vocifère,
Installant une forge avec un grand soufflet,
Qui fait rougir et bat, à son radieux reflet,
Le fer de la charrue de toutes ses forces.
Mais en vain. « Quitte cette plaine et quitte la Corse,
Va apprendre à forger en enfer, diableteau. »
Le Diable fabriqua un énorme marteau
Qui était si pesant qu’il frappait avec peine.
Un ouragan souffla soudain sur la plaine
Et rougit le fer chaud de la charrue. Satan
Frappait avec force, s’essoufflant et battant,  
Mais ne put réparer la charrue, plus brisée.
« Des enfants de Corse tu seras la risée,
Railla encor le saint. Qu’ils sont beaux, tes grands champs ! »
Le Diable ne dit rien, mais soudain se fâchant,
Lança son marteau dans l’air, trouant la montagne
Appelée Tafonato. Regrettant son bagne, 
Il voulut retourner en enfer, réparer
Sa charrue. Mais il vit, cette fois effaré, 
Ses deux bœufs transformés tout à coupe en pierre.
Saint Martin disparut, et lui de cette terre.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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