vendredi 21 août 2015

Conte: Saute en mon sac! (Partie V)

CONTE: SAUTE EN MON SAC! (PARTIE V)


V. Comment Francesco punit le médecin cupide

A son village où son vieux père séjournait
Francesco, fort content, prestement retournait,
Quand il vit en chemin, blêmi par les alarmes,
Un grand garçon versant tristement des larmes.
« Pourquoi pleurer ainsi, jeune homme ? Dis-le-moi ;
Est-ce une beauté qui te cause autant d’émois ? »
Lui demanda-t-il. « Non, mais je désespère,
Répondit le garçon, car notre brave père
Est tombé, se cassant le bras, d’un châtaignier.
Le médecin que j’ai cherché n’a pas daigné
Venir et le guérir, car il nous sait pauvres,
Et ferma sa porte qui seuls aux riches s’ouvre. »
« Calme-toi et dis-moi le nom de ce vaurien. »
« Son nom est le docteur Pancrace. » « Eh bien !
Pancrace, saute dans mon sac ! » Quand il entra
Dans le sac, le bâton vengeur le remontra,
Et il criait bien fort, au point que le jeune hère,
Epouvanté par ces cris qui l’étonnèrent,
Voulut fuir. Francesco, qui l’arrêta avant,
Dit au mauvais médecin : « Monsieur le grand savant,
Je vous donne un moment de répit. Par la suite
Vous allez mourir sans pouvoir prendre la fuite. 
Priez, préparez-vous. » « Dieu ! que vous ai-je fait ? »
S’écria le médecin, tremblant et stupéfait.
« Ne le sais-tu donc pas ? Tais-toi, misérable !
Je te rappelle ton action déshonorable :
Tu laisses le père de ce garçon souffrir,
Et, pauvre, tu n’as point songé à le guérir.
Frappe, mon bon bâton, et punis ce cupide ! »
Et le bâton rossa le médecin, rapide,
Qui criait : « Grâce ! grâce ! Ah, laissez-moi sortir
Et je le soignerai ! » « Bien. Je dois t’avertir
Que si tu songes à fuir, médecin, où que tu erres,
Je te trouverai, pusses-tu quitter la terre. »
« Je ne le ferai point ! Drogues, argent ou soins,
Je lui donnerai tout ce dont il a besoin
A cet homme, seigneur ! Je me repens, grâce ! »
Francesco fit sortir de son sac Pancrace
Qui peinait à marcher tant il était moulu.
Francesco l’obligea, comme il l’avait voulu,
A faire jusqu’au lit du père la balade,
Et il soigna si bien le pauvre malade
Que Francesco, qui lui fit faire son devoir,
Le soigna à son tour et partit pour revoir
Son vieux père esseulé et laissé au village
Pour s’occuper de lui, n’étant point volage.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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