mercredi 19 août 2015

Conte: Saute en mon sac! (Partie III)

CONTE: SAUTE EN MON SAC! (PARTIE IiI)


III. Dans quelles circonstances Francesco, qui éprouva son bâton et sac, rencontra le Diable à la ville de Mariana

Content de ces présents que lui laissa la fée,
Francesco, affamé et la bouche assoiffée,
Voulut en éprouver les magiques pouvoirs
Et s’ils exauceraient tous ses souhaits savoir.
Il s’écria : « Je veux qu’une perdrix rôtie
Entre dans mon sac et qu’elle y soit blottie. »
Son vœu fut exaucé. Une folle joie vint,
Francesco demanda du pain et du bon vin
Et mille autres choses, et il mangea avec joie
En bénissant la fée à la robe de soie.
Repu, il poursuivit promptement son chemin
Et il arriva à Mariana le lendemain.
C’est là qu’allaient, mines ténébreuses et pâlies,
Les grands joueurs de Corse et ceux de l’Italie,
Jamais las de vaincre comme d’être vaincus.
Francesco commanda : « A moi cent mille écus ! » ;
Il les eut aussitôt. Mais, chose effroyable,
Cette ville était la préférée du Diable,
Qui aimait Mariana et ses joueurs hardis.
Déguisé en beau jeune homme, chaque mardi,
Il y venait jouer, les prenant pour cibles,
Et il gagnait toujours, aux cartes invincible.
Quand les joueurs n’avaient plus rien à mettre au jeu,
Aussi désespérés qu’ils étaient courageux,
Satan achetait alors allègrement leurs âmes
En leur faisant faire des actions infâmes.
A Mariana courut rapidement le bruit
Qu’un prince était venu. Satan en fut instruit,
Alla voir Francesco, déguisé, et lui dire :
« On dit que vous êtes riche et grand joueur, sire,
Votre réputation m’inspira le désir
De venir à vous. » « Vous me faites bien plaisir,
Répondit Francesco au ténébreux ange,
Mais je ne mérite point toutes ces louanges,
Je ne suis pas joueur et n’ai point de palais.
Mais je jouerai avec vous si cela vous plait
Car j’apprendrai à coup sûr à votre école. »
Le Diable, satisfait d’entendre ces paroles,
Partit en remerciant, mais fier comme les monts.
Or Francesco vit les pieds de bouc du démon
Qu’il oublia de lui cacher avec gaucherie.
« Ah ! c’est Satan, qui est le maître des tricheries,
L’ennemi des humains et l’ennemi de Dieu,
Et qui cache toujours quelque dessein odieux,
Se dit-il, qui vient et qui me rend visite !
A flouer les mortels jamais il n’hésite,
Mais grâce à mon bâton et mon sac enchantés
Je le punirai. Il sera épouvanté
Et il regrettera d’être mon adversaire. »
A boire les valets empressés lui versèrent,
Et joyeux comme un homme ignorant son destin,
Francesco commanda un superbe festin.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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