CONTE: saute en mon sac! (PARTIE I)
I. La trahison des onze frères de Francesco le
Boiteux, et comment ils furent châtiés
Jadis, dans les
montagnes éloignées et arides
Du Niolo,
citadelle aux antiques rides
Contemplant la
Corse, l’air sombre et triomphant,
Un vieux père vivait
avec ses douze enfants.
Tout le pays
rongé par l’affreuse famine,
Le père, que l’âge
et la misère minent,
Dit à ses douze
enfants : « Je suis bien vieux et las
Et je n’ai point
de pain à vous donner, hélas !
Fuyez, mes
chers, fuyez cette famine immonde !
Pour gagner votre
vie allez par le monde,
Si le Seigneur
le veut, vous serez fortuné,
Sans être par
votre vieux père importunés. »
Mais le cadet,
boiteux, pleura et dit : « Père,
De faire fortune
moi je désespère !
Comment gagner
ma vie si je ne puis marcher ? »
« Avec tes
frères, fils, tu vas la rechercher,
Répondit le bon
père, essuie-moi ces larmes,
Ne pleure plus,
que nul hasard ne t’alarme,
Comme je l’ai
fait moi-même sous ce vieux toit,
Tes onze frères
vont tous bien veiller sur toi,
Et quand ils
trouveront richesse et nourriture,
Ils ne t’oublieront
pas dans cette conjoncture. »
Les frères
partirent, joyeux, le lendemain,
Promettant de
suivre tous le même chemin.
Mais après
quelques jours de sombre lassitude,
L’aîné songea un
peu dans la solitude
Et aux dix
autres dit : « On a bien consenti
A aider Francesco,
mais il nous ralentit ;
Sans notre frère
nous serons mieux sans doute,
Partons et
laissons-le ici sur la route,
Un passant lui
fera peut-être charité. »
Ce fut une bien
sombre action en vérité :
Trahissant leur
promesse et devenus volages
Et leur triste
père qui pleurait au village,
Les méchants
frères, sans même le saluer,
Laissèrent Francesco
seul pour continuer
Sans leur frère
boiteux leur route criminelle,
Et sans craindre
de Dieu la vengeance éternelle,
Demandaient l’aumône
à tout ce qu’ils pouvaient voir.
Ils oublièrent
tous leur frère et leur devoir.
A Bonifacio, à
partir impréparée,
Sur la côte ils
trouvèrent une barque amarrée
Dont ils s’emparèrent,
trahisseurs et voleurs,
Espérant, pour
enfin oublier le malheur,
Aller à
Sardaigne où les scélérats croyaient
La famine moins
grande, et riche se voyaient.
Mais une tempête
gronda dans le détroit
Qui était
dangereux en ce temps et étroit,
Et la barque par
Dieu le Juste méprisée
Fut contre les roches
rudes et vengeurs brisée.
Pour avoir
délaissé leur pauvre frère amer,
Les onze
coupables périrent dans la mer.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
lundi 17 août 2015
Conte: Saute en mon sac! (Partie I)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: