CONTE: SAUTE EN MON SAC! (PARTIE Iv)
IV. Ce que Francesco fit et fit faire au Diable
après avoir joué avec lui aux cartes
Francesco se rendit, pour braver le
Diable,
A la maison de jeu où, chose effroyable,
Un jeune homme, las de perdre et se
hasarder,
Désespéré, finit par se poignarder.
Tous en étaient tristes comme quand le
sort frappe,
Mais le Diable riait sournoisement sous
cape.
Dès que ce malheureux joueur fut
enterré,
Le Diable, espérant un autre désespéré,
Joua contre le prince, et comme l’autre
homme,
Ce dernier perdit bien vite de fortes
sommes,
Ne sachant pas jouer, et on le crut
ruiné.
Mais ce n’était point vrai ; il
était fortuné
De posséder le sac et le bâton. L’aurore
Reluisit, et ledit prince joua encore,
Puis au troisième jour avec la même foi,
Et il ne gagna pas même une seule fois.
Le Diable, qui le crut désespéré et
pauvre,
Fit semblant de le plaindre et lui dit : « Il
me navre
De vous voir perdre aussi
considérablement
Et vivre après ces trois jours
misérablement.
Il ne sied point à un homme noble et
illustre
De finir ces jeunes jours comme un vil
rustre,
Et je vous propose, car de vous j’ai
pitié,
De vous rendre de votre argent la moitié,
A une condition, bien entendu. » « Laquelle ? »
« Ce n’est, répondit-il, qu’une
bagatelle :
Avec une beauté allez batifoler
Qu’il vous faudra après, jeune prince,
violer.
Vous êtes riche et bien fait et allez
lui plaire. »
Francesco s’écria avec grande colère :
« C’est cela ton conseil, hideux
Satan ? Eh bien !
Saute alors dans mon sac, car je n’en
ferai rien. »
Surpris, Satan songea à prendre la
fuite,
Mais il fut obligé d’obéir ;
ensuite
Francesco commanda à son bâton puissant :
« Frappe dessus ! » Il
fit pleuvoir, obéissant,
Tant de coups et si fort, que le démon
infâme
Criait : « Je veux sortir ! »
Pleurant comme une femme.
Mais le bâton était sourd, hormis pour
férir.
« Ah, prince ! libère-moi ou
je vais périr ! »
Cria encor le Diable. « Est-ce
mauvaise chose ? »
Dit Francesco. « Voici ce que je te
propose,
Ajouta-t-il après trois heures de
douleur :
De tant de jeunes homme tu as fait le
malheur,
Qui se sont suicidés après tes victoires ;
D’abord ressuscite-les, puis de ta
mémoire
Efface la jeune fille, qui certainement
Est bonne et chaste pour que tu veuilles
vainement
La châtier de la sorte avec tes ruses
impures. »
« Libère-moi ! cria Satan, je
te le jure ! »
« Sors, mais n’oublie pas que je
peux te rattraper
Et mon bâton pourra tellement te frapper
Que tu en seras mort. Quitte cette
ville
Quand tu ressusciteras ses joueurs,
chose vile. »
Le Diable, qui trouva Francesco
alarmant,
Disparut sous terre, fidèle à son
serment.
Voilà une foule de jeunes gens pâles
Qui se réveillent de leurs tombes
fatales,
Etonnés et contents et les yeux
enfiévrés.
« Vous êtes, mes amis, de l’enfer
délivrés,
Leur dit Francesco ; grâce à Dieu
notre maître,
J’ai pu vous rendre vie, chose que
peut-être
Il ne permettra plus de faire demain.
Promettez-moi de suivre un tout autre
chemin
Et de ne plus jouer si je vous laisse
vivre. »
« On le jure ! on le jure, ô
saint qui nous délivre !
C’est le Diable qui nous a trompés, ce
faquin ! »
« Bien, dans ce cas prenez ces
mille écus chacun.
Travaillez honnêtement pour gagner votre
vie. »
Ils partirent embrasser leurs familles
ravies
Et étonnées après leur mort de les
revoir,
D’autres s’en allèrent, et tous firent
leur devoir
Et devinrent, grâce à Francesco, riches
et sages,
Se repentant du jeu et louant son
passage.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
jeudi 20 août 2015
Conte: Saute en mon sac! (Partie IV)
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