mardi 18 août 2015

Conte: Saute en mon sac! (Partie II)

CONTE: SAUTE EN MON SAC! (PARTIE iI)


II. Comment Francesco cessa d’être boiteux, et les deux souhaits qui lui furent exaucés

Le corps bien fatigué et l’âme fort lasse,
Francesco le Boiteux s’endormit à la place
Où par ses onze frères il fut abandonné.
L’aurore dans le ciel avait rayonné.
La fée des lieux, qui vit ce qu’on fit à l’infirme,
Fut prise de pitié et versa des larmes
Pour ce malheureux qu’on délaissa sans remords
Comme au champ de guerre le cadavre d’un mort
Que le corbeau épie et le vautour guette.
Elle frappa sa jambe avec sa baguette
Et la lui redressa cependant son sommeil,
Puis, devenue vieille femme, attendit son réveil,
Et pour se reposer s’assit sur une charge
De bois pesant, et qui était haute et large.
Quand il se réveilla, Francesco, très surpris
Car il pouvait marcher, poussa un joyeux cri.
Il demanda doucement à la vieille femme :
« Avez-vous vu passer un médecin, madame,
Pendant que je dormais ? » « Pourquoi, mon bon ami ? »
« C’est sans doute Dieu qui dans ma route l’a mis,
Et je veux lui dire ma reconnaissance
Car j’ai été boiteux depuis ma naissance.
Il faut le remercier pour sa grande bonté. »
« Je suis fée, dit la vieille, et par ma volonté
Tu as été guéri. Je possède des herbes
Dont tu frotteras la jambe qui te courbe
Pour qu’elle soit enfin rétablie. J’ai songé
A t’éprouver d’abord ; ton cœur n’est point rongé
Par la cupidité et par l’ingratitude,
Contrairement aux hommes dont c’est l’habitude. »
Francesco, tout joyeux, la remercia beaucoup,
L’embrassa fervemment et sauta à son cou,
Et de porter son faix lui fit la prière.
Mais ô surprise ! Au lieu de la roturière
Vieille et le dos courbé, il vit en ce moment,
Aussi surpris qu’avant et sans savoir comment,
Une jeune fille qui lui souriait, ravie,
La plus belle qu’il put voir dans sa jeune vie,
Et qui de tous les hommes eût fait ses fiers amants.
De l’or de ses cheveux et de mille diamants
Elle resplendissait, et portait avec charme
Une robe de soie bleue qui montrait ses formes,
Et sous de riches pierres étoilées ses souliers
Disparaissaient, que nul ne pouvait oublier.
Francesco se jeta aux pieds de sa sauveuse
Qui lui dit : « Lève-toi, mon ami », rêveuse,
Et ajouta : « Tu n’est point un ingrat. Tu peux
Former les deux souhaits que t’exaucer tu veux,
De maintes princesses je suis la marraine
Et des cent fées du lac de Creno la reine. »
Francesco songea et dit : « Belle fée du lac,
Je veux d’abord avoir, petit, sans fond, un sac
Où entrera tout ce que j’aimerais qu’il entre. »
« Accordé. Il te reste un souhait ; à ton ventre
Songe, et aux richesses que tu pourrais avoir. »
« J’aimerais, dit Francesco, fée aux puissants pouvoirs,
Posséder un bâton enchanté qui fasse
Toutes mes volontés, et que rien n’embarrasse. »
« Accordé », lui dit la fée qui disparut, laissant
Aux pieds de Francesco les deux présents puissants.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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