vendredi 14 août 2015

Conte: Le trésor des sept voleurs (Partie V)

CONTE: LE TRÉSOR DES SEPT VOLEURS (PARTIE V)


Vocabulaire: Balaninchi, "Balagnais", habitants de la Balagne, pays de la Corse où l'olivier est cultivé avec le plus de succès (Note du conteur) 

V. La ruse que trouvèrent les sept voleurs pour se venger de Stevanu

Voyageant pendant dix jours, un des rapiniers
Finit par arriver chez le vieux cordonnier,
Le juge commère quand il le regarde
Et lui dit : « J’ai quitté le pays. Il me tarde
De savoir ce qu’il y a eu ici-bas de neuf,
Qui est devenue mère et qui est devenu veuf. »
« Il n’y a rien de nouveau, sire, que je sache. »
« J’ai une bourse emplie d’or et que je cache,
J’ai juré de l’offrir – cordonnier, réfléchis –
A qui me dira qui s’est soudain enrichi. »
« Personne n’est devenu riche...Ah si ! un hère
Nommé Stevanu, qui vivait dans la misère
Et à qui je donnais pour qu’il mangeât du pain.
De nouvelles couleurs son pâle front est peint,
Il a plusieurs servants et plusieurs servantes,
Mais il parle peu et jamais ne se vante.
J’ai même ouï dire, bon sire, sans l’envier,
Qu’il a acheté hier le grand clos d’oliviers,
Vous savez, celui qui est près de l’église. »
« Que sais-tu d’autre ? Il faut que tu me le dises. »
« Rien, seigneur. » « Ma bourse ne t’appartiendra pas. »
Et le voleur alla, qui mangeaient leur repas,
Trouver ses compagnons fatigués de la route
Et tout leur dire. « C’est ce Stevanu sans doute
Qui est venu chez nous, et de cet étranger
Il nous faut, dit le chef, sans pitié nous venger.
Mais il nous faut aussi, pour que ce fourbe meure,
Sans être soupçonnés entrer dans sa demeure. »
« Cela est fort simple, dit l’un des sept voleurs,
Afin de nous venger de ce batifoleur,
Faisons-nous passer pour Balaninchi, mes frères.
Nos premières mules, dans le but de distraire,
Seront chargées d’huile, et six autres porteront
Six d’entre nous, qui dans des outres se cacheront. 
Entrés dans la maison, nous tuerons tout le monde. »
« Cela est bien pensé. » dit le chef immonde
Qui, bien déguisé, s’en allait le lendemain
En errant avec ses mules par les chemins
Et criant : « Balagnais ! Balagnais ! qui achète
De la bonne huile ? » Cachés dans leurs cachettes,
Les six autres brigands demeurèrent longtemps,
De ne point se venger prestement mécontents.
Ils arrivèrent enfin, quand la nuit devint sombre,
A la demeure de Stevanu, et dans l’ombre
Qu’ils trouvèrent opportune à la fatalité,
Le chef cria : « Qui nous donne hospitalité ?
I Balaninchi ! I Balaninchi nous sommes ! »
« Entre, dit Stevanu, mon brave bonhomme. »
Et le chef des brigands reconnut son ennemi,
Remercia et entra, et de joie il frémit.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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