lundi 20 avril 2015

Conte: Le Vilain devenu Médecin (Partie III)

CONTE: LE VILAIN DEVENU MÉDECIN (PARTIE IIi)


III. Comment le vilain fut obligé de guérir la fille du roi et de devenir médecin malgré lui

Les messagers chacun d’un bâton s’armèrent
Et allèrent au vilain que leur airs alarmèrent.
Ils le saluèrent de la part de leur roi
Et lui demandèrent de les suivre. L’effroi
Le gagna, et il leur demanda : « Pourquoi faire ? »
« Pour guérir la fille du roi et lui plaire,
Répondirent-ils. Pour vous chercher nous venons ;
Nous savons votre science ainsi que votre nom
Et que vous êtes un grand médecin illustre. »
Mais il leur répondit qu’il n’était qu’un rustre,
Que si le roi avait besoin d’un laboureur
Il l’aiderait, et qu’ils devaient faire une erreur,
Car il n’entendait rien, hélas, à la médecine.
« Je vois bien à quel point le bâton le fascine,
Dit à son camarade l’un des deux cavaliers,
Et nous allons bientôt lui être hospitaliers. »
Là-dessus tous les deux de cheval descendirent
Et battirent notre vilain avec tant d’ire
Qu’après quelques coups il finit par leur céder,
Car ils étaient plus forts, de peur de décéder.
Il leur demanda grâce, et finit par promettre
De les suivre ainsi que d’obéir à leur maître ;
On lui fit donc monter une de ses juments
Et le conduisit au roi au même moment.
Le monarque, inquiet pour la princesse chérie,
Et qui voulait à tout prix qu’elle fût guérie,
Etait bien content de revoir ses messagers
Qui lui dirent aussitôt que pour la soulager
Ils avaient fait venir un médecin plein de science,
Mais qui était étrange, et dont l’obédience
Ne serait assurée que s’il était rossé.
« Il sera alors, leur dit le roi, bien brossé !
Et puisqu’il aime le bâton, qu’on le bâtonne.
Ce que vous venez de me dire m’étonne
Et je n’ai jamais vu un médecin pareil.
On dirait un fermier, il n’a point l’appareil. »
Et le roi ordonna que l’on fît descendre
La princesse, sa fille, et que sans attendre
Il montra au vilain. « Je vous ai fait quérir,
Lui dit-il en l’appelant maître, pour la guérir.
C’est ma fille que j’aime depuis sa naissance,
Si vous la guérissez, ma reconnaissance
Vous sera éternelle, et je vais vous combler
De présents magnifiques. » Notre vilain, troublé,
Se jeta à genoux en criant : « Je laboure
Chaque jour mon champ, et mon bétail m’entoure ;
Je vous jure par tous les saints du paradis
Que je ne connais que le bœuf et le radis
Et que d’être médecin je ne suis point digne. »
Pour toute réponse, le roi fit un signe,
Et deux puissants sergents, fidèles à leur devoir,
Sur les épaules du vilain firent pleuvoir
Une grêle de coups. « Merci, seigneur, grâce !
S’écria-t-il, aucun mal ne m’embarrasse,
Je la guérirai, mon roi, je la guérirai,
Ou en essayant de le faire périrai. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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