CONTE: LE VILAIN DEVENU MÉDECIN (PARTIE IIi)
III. Comment le vilain fut obligé de guérir la fille
du roi et de devenir médecin malgré lui
Les messagers chacun d’un bâton s’armèrent
Et allèrent au vilain que leur airs
alarmèrent.
Ils le saluèrent de la part de leur roi
Et lui demandèrent de les suivre. L’effroi
Le gagna, et il leur demanda : « Pourquoi
faire ? »
« Pour guérir la fille du roi et
lui plaire,
Répondirent-ils. Pour vous chercher nous
venons ;
Nous savons votre science ainsi que
votre nom
Et que vous êtes un grand médecin
illustre. »
Mais il leur répondit qu’il n’était qu’un
rustre,
Que si le roi avait besoin d’un
laboureur
Il l’aiderait, et qu’ils devaient faire
une erreur,
Car il n’entendait rien, hélas, à la
médecine.
« Je vois bien à quel point le
bâton le fascine,
Dit à son camarade l’un des deux
cavaliers,
Et nous allons bientôt lui être
hospitaliers. »
Là-dessus tous les deux de cheval
descendirent
Et battirent notre vilain avec tant d’ire
Qu’après quelques coups il finit par
leur céder,
Car ils étaient plus forts, de peur de
décéder.
Il leur demanda grâce, et finit par
promettre
De les suivre ainsi que d’obéir à leur
maître ;
On lui fit donc monter une de ses
juments
Et le conduisit au roi au même moment.
Le monarque, inquiet pour la princesse
chérie,
Et qui voulait à tout prix qu’elle fût
guérie,
Etait bien content de revoir ses
messagers
Qui lui dirent aussitôt que pour la
soulager
Ils avaient fait venir un médecin plein
de science,
Mais qui était étrange, et dont l’obédience
Ne serait assurée que s’il était rossé.
« Il sera alors, leur dit le roi,
bien brossé !
Et puisqu’il aime le bâton, qu’on le
bâtonne.
Ce que vous venez de me dire m’étonne
Et je n’ai jamais vu un médecin pareil.
On dirait un fermier, il n’a point l’appareil. »
Et le roi ordonna que l’on fît descendre
La princesse, sa fille, et que sans
attendre
Il montra au vilain. « Je vous ai
fait quérir,
Lui dit-il en l’appelant maître, pour la
guérir.
C’est ma fille que j’aime depuis sa
naissance,
Si vous la guérissez, ma reconnaissance
Vous sera éternelle, et je vais vous
combler
De présents magnifiques. » Notre
vilain, troublé,
Se jeta à genoux en criant : « Je
laboure
Chaque jour mon champ, et mon bétail m’entoure ;
Je vous jure par tous les saints du
paradis
Que je ne connais que le bœuf et le
radis
Et que d’être médecin je ne suis point
digne. »
Pour toute réponse, le roi fit un signe,
Et deux puissants sergents, fidèles à
leur devoir,
Sur les épaules du vilain firent
pleuvoir
Une grêle de coups. « Merci,
seigneur, grâce !
S’écria-t-il, aucun mal ne m’embarrasse,
Je la guérirai, mon roi, je la guérirai,
Ou en essayant de le faire périrai. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
lundi 20 avril 2015
Conte: Le Vilain devenu Médecin (Partie III)
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