dimanche 19 avril 2015

Conte: Le Vilain devenu Médecin (Partie II)

CONTE: LE VILAIN DEVENU MÉDECIN (PARTIE Ii)


II. La vengeance de la dame, rossée une deuxième fois par le vilain son mari

Le soir, le vilain dit à sa femme : « Le diable
M’a séduit, et ma faute est irrémédiable. »
Et il tenta par tous les moyens d’apaiser
Son épouse, à qui il donna de doux baisers,
Puis se jeta à ses pieds avec tant de flamme
Qu’elle l’excusa et ne lui fit aucun blâme.
Ils soupèrent ensemble, contents, sans se contrir.
Mais le vilain comptait encore la férir
Et voulait employer son stratagème encore.
Le lendemain, à son lever, dès l’aurore,
Il chercha querelle à sa femme, l’attrapa
Comme on fait aux fripons, de nouveau la frappa
Et comme la veille la quitta en larmes.
Tandis qu’elle pleurait et contait ses alarmes,
Elle vit arriver deux messagers du roi
Et qui étaient montés sur deux blancs palefrois.
Les deux la saluèrent au nom du monarque
Et de sa loyauté voulurent une marque
En lui demandant, sans vouloir la déranger,
Car ils avaient grand faim, un morceau à manger.
Elle leur apprêta, hospitalière hôtesse,
Ce qu’elle avait chez elle, malgré sa tristesse,
Et les pria de lui dire, dans le repas,
Où ils allaient et où les conduisaient leurs pas.
« Princesse Ade, la fille du roi, est débile,
Dirent-ils, nous cherchons un médecin habile
Qui puisse la guérir. Nous ne nous lasserons
Jamais de notre tâche, et même nous passerons
S’il faudra le faire, au pays d’Angleterre.
En mangeant du poisson, au gosier une artère
Lui est restée, et le roi est bien chagriné
De voir échouer tout ce qu’on a imaginé
Pour l’en délivrer. Son sombre et malheureux père
Qui de sa guérison maintenant désespère
Nous a dépêchés, las de la revoir souffrir,
Pour lui amener quelqu’un qui puisse la guérir.
La pauvre souffre et la nuit lui est effroyable,
Et ses douleurs deviennent, hélas, incroyables
Au point qu’elle ne peut ni manger, ni dormir. »
« La princesse cessera, mes seigneurs, de gémir,
Reprit la dame, grâce à la docte science
D’un médecin que je sais. » Avec impatience
Ils s’écrièrent tous deux : « Ciel ! se pourrait-il !
Dites-nous où se trouve ce médecin subtil ! »
« Sachez d’abord, seigneurs, repartit la dame,
Que ce médecin est un fantasque, d’où sa fame,
Et qu’il n’exercera point d’abord son talent ;
Je vous conseille de ne point être galants,
Pour en tirer parti il faut bien le battre. »
« Nous le ferons alors, et par Dieu le Maître,
S’écrièrent encore les loyaux messagers,
Nous le rosserons bien et sans le ménager.
Dites-nous seulement où cet homme demeure. »
Et nos deux messagers partirent tout à l’heure,
Dès que la dame, qui de lui peu s’amourait,
Leur enseigna le champ où son homme labourait.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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