CONTE: LE VILAIN DEVENU MÉDECIN (PARTIE Ii)
II. La vengeance de la dame, rossée une deuxième
fois par le vilain son mari
Le soir, le
vilain dit à sa femme : « Le diable
M’a séduit, et
ma faute est irrémédiable. »
Et il tenta par
tous les moyens d’apaiser
Son épouse, à
qui il donna de doux baisers,
Puis se jeta à
ses pieds avec tant de flamme
Qu’elle l’excusa
et ne lui fit aucun blâme.
Ils soupèrent
ensemble, contents, sans se contrir.
Mais le vilain
comptait encore la férir
Et voulait
employer son stratagème encore.
Le lendemain, à
son lever, dès l’aurore,
Il chercha
querelle à sa femme, l’attrapa
Comme on fait
aux fripons, de nouveau la frappa
Et comme la
veille la quitta en larmes.
Tandis qu’elle
pleurait et contait ses alarmes,
Elle vit arriver
deux messagers du roi
Et qui étaient
montés sur deux blancs palefrois.
Les deux la
saluèrent au nom du monarque
Et de sa loyauté
voulurent une marque
En lui
demandant, sans vouloir la déranger,
Car ils avaient
grand faim, un morceau à manger.
Elle leur
apprêta, hospitalière hôtesse,
Ce qu’elle avait
chez elle, malgré sa tristesse,
Et les pria de
lui dire, dans le repas,
Où ils allaient
et où les conduisaient leurs pas.
« Princesse
Ade, la fille du roi, est débile,
Dirent-ils, nous
cherchons un médecin habile
Qui puisse la
guérir. Nous ne nous lasserons
Jamais de notre
tâche, et même nous passerons
S’il faudra le
faire, au pays d’Angleterre.
En mangeant du
poisson, au gosier une artère
Lui est restée,
et le roi est bien chagriné
De voir échouer
tout ce qu’on a imaginé
Pour l’en
délivrer. Son sombre et malheureux père
Qui de sa
guérison maintenant désespère
Nous a dépêchés,
las de la revoir souffrir,
Pour lui amener
quelqu’un qui puisse la guérir.
La pauvre
souffre et la nuit lui est effroyable,
Et ses douleurs
deviennent, hélas, incroyables
Au point qu’elle
ne peut ni manger, ni dormir. »
« La
princesse cessera, mes seigneurs, de gémir,
Reprit la dame,
grâce à la docte science
D’un médecin que
je sais. » Avec impatience
Ils s’écrièrent
tous deux : « Ciel ! se pourrait-il !
Dites-nous où se
trouve ce médecin subtil ! »
« Sachez d’abord,
seigneurs, repartit la dame,
Que ce médecin
est un fantasque, d’où sa fame,
Et qu’il n’exercera
point d’abord son talent ;
Je vous
conseille de ne point être galants,
Pour en tirer
parti il faut bien le battre. »
« Nous le
ferons alors, et par Dieu le Maître,
S’écrièrent
encore les loyaux messagers,
Nous le
rosserons bien et sans le ménager.
Dites-nous
seulement où cet homme demeure. »
Et nos deux
messagers partirent tout à l’heure,
Dès que la dame,
qui de lui peu s’amourait,
Leur enseigna le
champ où son homme labourait.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 19 avril 2015
Conte: Le Vilain devenu Médecin (Partie II)
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