CONTE: Le vilain devenu médecin (Partie i)
I. Comment un vilain prit femme, et ce qu’il en fit
Un vilain qui
vivait dans le siècle passé,
Avare et
laborieux, et avait amassé
Une bonne
fortune après tant d’alarmes,
Ainsi que huit bœufs
gras et quatre chevaux fermes,
Ne songeait
point, malgré ses biens, à se marier,
Et il ne voulait
que labourer et charrier.
Ses bons voisins
ainsi que ses amis proches
Lui en faisaient
maintes fois de doux reproches ;
Il s’excusait en
leur disant qu’il attendrait
Et, s’il
trouvait bonne femme, il la prendrait.
De faire des
recherches donc ils se chargèrent
Pour lui trouver
femme, princesse ou bergère,
Et ils s’employèrent
à cette tâche de leur mieux.
Peu loin de là
vivait un chevalier bien vieux
Qui était veuf
et pauvre et avait une fille
A la belle
figure, charmante et gentille.
La noble
demoiselle dont les attraits sont doux
Etat arrivée à l’âge
de prendre époux ;
Mais malgré sa
beauté, son brave et bon père
Ne pouvait lui
donner rien, n’étant point prospère,
Et personne ne
lui faisait jamais la cour.
Les amis du
vilain vinrent faire un discours
Au père, et en
son nom faire la demande.
Il accepta, et
sa fille, peu gourmande,
Et qui obéissait
à son père chéri,
Consentit à
prendre le vilain pour mari
Pour ne point
lui déplaire, malgré sa répugnance.
Le bonhomme,
enchanté, lui, de cette alliance,
Se pressa de conclure
et vite se maria.
Peu après il se
dit, inquiet, qu’il ne paria
Pas sur le bon
cheval, et que sa femme noble
Pour travailler
avec lui était trop faible.
« Parbleu !
pensait-il, c’est mou comme du coton !
Seule au logis,
elle deviendra margoton.
Que faire ?
Pour que j’en sois toujours le maître,
Avant de sortir,
au matin, je vais la battre,
Elle va sagement
au foyer demeurer
Et sans songer à
mal s’attrister et pleurer.
Je la consolerai
le soir, bien déridée. »
Il demanda,
rempli de cette belle idée,
A dîner, et
après le repas s’approcha
De sa pauvre
femme, et rien ne lui reprocha,
Mais lui assena
un tel soufflet sur la joue
Que la marque de
ses doigts, comme de la boue,
Y resta
imprimée. Cela lui sembla peu,
Il lui donna d’autres
coups puissants avec feu.
Il la laisse, et
elle se désole et pleure :
« Ô, mère !
pourquoi a-t-il fallu que tu meures ?
Vous m’avez
sacrifié, mon père, à ce vilain
Qui traite mieux
que moi ses bœufs et ses poulains !
Que le destin
est dur ! Que je suis malheureuse ! »
Et elle demeura
tout le jour pleureuse
Et de cette
injustice le cœur sombre et marri
Comme l’avait
prédit son butor de mari.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
samedi 18 avril 2015
Conte: Le Vilain devenu Médecin (Partie I)
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