mercredi 11 mars 2015

Conte: Le petit roi Jeannot (Partie V)

CONTE: LE PETIT ROI JEANNOT (PARTIE V)


V. La trahison des deux frères, et comment Jeannot finit par reprendre ses trésors usurpés

Les deux frères, âmes malveillantes et jalouses,
Contemplaient Jeannot, son oiseau et son épouse,
En les suivant, avec de bien envieux regards,
De la réussite de leur cadet hagards.
Comme ils passaient par un étroit sentier propice
Et qui côtoyait un sombre précipice,
Hubert poussa Jeannot violemment qu’il fit choir,
Laissant tomber sa cage, dans l’abîme noir.
Poucet s’en empara, ils continuèrent
De suivre la même route, et sinuèrent
Souvent, en menaçant la Belle de se venger
Si elle mettait leurs noirs desseins en danger.
La chute du petit Jeannot fut amortie
Par des ronces qui semblaient pour lui sorties
De la terre, et par des ajoncs qu’il agrippa,
Et à un trépas sûr et affreux échappa.
L’endroit qui le reçut, couverts d’herbes épaisses
Et où les bêtes de bergers jamais ne paissent,
Empêcha de mourir le petit au cœur pur ;
Mais les bords en étaient escarpés comme un mur,
Et il était profond comme un abîme immense.
Jeannot implorait la divine clémence,
Il s’assit sur une pierre et se désolait
En voyant l’oiseau blanc qui au loin s’envolait
Et en pensant que sa mort était bien proche.
« Ah ! dit-il en mouillant de ses larmes la roche,
Que je suis malheureux ! Je vais bientôt mourir !
A quoi m’a servi, fou que je suis, de courir
Tant de routes, afin de mourir d’une mort affreuse ?
Renard, mon ami, mon âme serait heureuse
De te revoir ici, et j’aurais bien besoin
De tes bons conseils et de tes bienveillants soins. »
Comme il achevait ces mots, sur la cime rocheuse
Il vit le renard. « Dans une passe fâcheuse
Te voilà, mon ami. » lui lança l’animal.
« Hélas ! s’écria-t-il. Renard, je vais bien mal
Et je suis dans la peine et dans la misère ;
J’ai été trahi par mes deux fourbes frères
Qui dans cet abîme noir m’ont précipité
En me croyant mort dans ce mont inhabité.
Ils se sont emparés de la Belle et du Merle,
Et doivent être au château à l’heure où je te parle,
Pour que l’un d’eux à ma place devienne roi. »
« Je vais te faire quitter, mon ami, cet endroit,
Repartit le renard. Il te suffit de prendre
Ma queue que j’allongerai pour te faire ascendre
Dans ta main, et jusqu’en haut tu te hisseras.
Jamais Dieu dans ce sombre endroit ne te laissera,
Car tu es bon et ton âme est des plus nobles. »
Jeannot, qui commençait à devenir faible,
Saisit la queue et de l’abîme se tira,
Et le renard lui dit : « Jeannot, tu partiras
Au château, déguisé en médecin qui passe
Et qui pourra guérir tous les maux qu’il chasse.
Mon rôle est fini et j’ai rempli mon devoir ;
Je disparais et tu ne vas plus me revoir. »
Habillé en médecin, Jeannot marcha encore
Et au château parvint une heure après l’aurore.
Il demanda avec le roi un entretien,
On le lui accorda, et il lui dit : « Je viens,
Majesté, pour offrir mes loyaux services.
Hormis la mort, je peux guérir tous les vices. »
Le roi, content de ce vaillant médecin, lui dit :
« Plus que vos confrères peut-être êtes-vous érudit ;
Un merle blanc et une princesse demeurent
Depuis quelques jours dans mon château, et se meurent
Car ils ne veulent point ni boire ni manger. »
« Ceci, mon roi, grâce à Dieu va bientôt changer. »
Répondit Jeannot, qui alla voir la princesse
Et le Merle blanc qui soupire sans cesse.
Dès que l’oiseau le vit, il siffla, bien joyeux,
Un air singulier. La Belle leva ses yeux
Et s’écria : « Voici mon sauveur et maître !
Roi, châtiez vos deux fils, car ils sont des traîtres. »
Jeannot ôta alors son costume, éploré,
Et se jeta aux pieds de son père adoré
Qui le reconnut et l’embrassa. Sa mère,
Qui croyait son fils mort et en était amère,
Fut bien joyeuse de le revoir encor vivant.
Le père courroucé, avant le jour suivant,
Chassa ses deux fils qu’il maudit pour leur traitrise.
Epris de la princesse de lui éprise,
Jeannot devint le roi et son fidèle époux,
Et vécut avec elle et le Merle aux chants doux
Qui rendait toute sa cour qui l’aimait ravie
Bienheureux jusqu’à la fin de sa longue vie.

[FIN DU CONTE: LE PETIT ROI JEANNOT]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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