CONTE: LE PETIT ROI JEANNOT (PARTIE V)
V. La trahison des deux frères, et comment Jeannot
finit par reprendre ses trésors usurpés
Les deux frères, âmes malveillantes et
jalouses,
Contemplaient Jeannot, son oiseau et son
épouse,
En les suivant, avec de bien envieux
regards,
De la réussite de leur cadet hagards.
Comme ils passaient par un étroit
sentier propice
Et qui côtoyait un sombre précipice,
Hubert poussa Jeannot violemment qu’il
fit choir,
Laissant tomber sa cage, dans l’abîme
noir.
Poucet s’en empara, ils continuèrent
De suivre la même route, et sinuèrent
Souvent, en menaçant la Belle de se
venger
Si elle mettait leurs noirs desseins en
danger.
La chute du petit Jeannot fut amortie
Par des ronces qui semblaient pour lui
sorties
De la terre, et par des ajoncs qu’il
agrippa,
Et à un trépas sûr et affreux échappa.
L’endroit qui le reçut, couverts d’herbes
épaisses
Et où les bêtes de bergers jamais ne
paissent,
Empêcha de mourir le petit au cœur pur ;
Mais les bords en étaient escarpés comme
un mur,
Et il était profond comme un abîme
immense.
Jeannot implorait la divine clémence,
Il s’assit sur une pierre et se désolait
En voyant l’oiseau blanc qui au loin s’envolait
Et en pensant que sa mort était bien
proche.
« Ah ! dit-il en mouillant de
ses larmes la roche,
Que je suis malheureux ! Je vais
bientôt mourir !
A quoi m’a servi, fou que je suis, de
courir
Tant de routes, afin de mourir d’une
mort affreuse ?
Renard, mon ami, mon âme serait heureuse
De te revoir ici, et j’aurais bien
besoin
De tes bons conseils et de tes
bienveillants soins. »
Comme il achevait ces mots, sur la cime
rocheuse
Il vit le renard. « Dans une passe
fâcheuse
Te voilà, mon ami. » lui lança l’animal.
« Hélas ! s’écria-t-il.
Renard, je vais bien mal
Et je suis dans la peine et dans la
misère ;
J’ai été trahi par mes deux fourbes
frères
Qui dans cet abîme noir m’ont précipité
En me croyant mort dans ce mont
inhabité.
Ils se sont emparés de la Belle et du
Merle,
Et doivent être au château à l’heure où
je te parle,
Pour que l’un d’eux à ma place devienne
roi. »
« Je vais te faire quitter, mon
ami, cet endroit,
Repartit le renard. Il te suffit de
prendre
Ma queue que j’allongerai pour te faire
ascendre
Dans ta main, et jusqu’en haut tu te
hisseras.
Jamais Dieu dans ce sombre endroit ne te
laissera,
Car tu es bon et ton âme est des plus
nobles. »
Jeannot, qui commençait à devenir
faible,
Saisit la queue et de l’abîme se tira,
Et le renard lui dit : « Jeannot,
tu partiras
Au château, déguisé en médecin qui passe
Et qui pourra guérir tous les maux qu’il
chasse.
Mon rôle est fini et j’ai rempli mon
devoir ;
Je disparais et tu ne vas plus me
revoir. »
Habillé en médecin, Jeannot marcha
encore
Et au château parvint une heure après l’aurore.
Il demanda avec le roi un entretien,
On le lui accorda, et il lui dit : « Je
viens,
Majesté, pour offrir mes loyaux
services.
Hormis la mort, je peux guérir tous les
vices. »
Le roi, content de ce vaillant médecin,
lui dit :
« Plus que vos confrères peut-être
êtes-vous érudit ;
Un merle blanc et une princesse
demeurent
Depuis quelques jours dans mon château,
et se meurent
Car ils ne veulent point ni boire ni
manger. »
« Ceci, mon roi, grâce à Dieu va
bientôt changer. »
Répondit Jeannot, qui alla voir la
princesse
Et le Merle blanc qui soupire sans
cesse.
Dès que l’oiseau le vit, il siffla, bien
joyeux,
Un air singulier. La Belle leva ses yeux
Et s’écria : « Voici mon
sauveur et maître !
Roi, châtiez vos deux fils, car ils sont
des traîtres. »
Jeannot ôta alors son costume, éploré,
Et se jeta aux pieds de son père adoré
Qui le reconnut et l’embrassa. Sa mère,
Qui croyait son fils mort et en était
amère,
Fut bien joyeuse de le revoir encor
vivant.
Le père courroucé, avant le jour
suivant,
Chassa ses deux fils qu’il maudit pour
leur traitrise.
Epris de la princesse de lui éprise,
Jeannot devint le roi et son fidèle
époux,
Et vécut avec elle et le Merle aux
chants doux
Qui rendait toute sa cour qui l’aimait
ravie
Bienheureux jusqu’à la fin de sa longue
vie.
[FIN DU CONTE: LE PETIT ROI JEANNOT]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mercredi 11 mars 2015
Conte: Le petit roi Jeannot (Partie V)
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