dimanche 8 mars 2015

Conte: Le petit roi Jeannot (Partie II)

CONTE: LE PETIT ROI JEANNOT (PARTIE II)


II. La bonne action du petit roi Jeannot, et comment il fut récompensé

Le chemin qu’avait pris Jeannot le petit roi
Le mena bientôt à un difficile endroit
Qui était raboteux, coupé de fondrières,
Et lassant pour l’âme la plus aventurière.
Mais Jeannot ne cessa point de toujours marcher,
Malgré tous les obstacles, et de toujours chercher.
Il arriva à un bourg dont la terre est verte
Et dont les rustiques maisons sont couvertes
De chaume, qu’autour d’une frêle église on bâtit.
A la porte de son cimetière, le petit
Vit un mort étendu pauvrement par terre,
Recouvert d’un drap dont il fut propriétaire.
Pour dire une prière Jeannot s’agenouilla
Avec recueillement, près du mort qu’on souilla,
Et demanda pourquoi cette désinvolture
De laisser un chrétien ainsi sans sépulture.
« Le défunt, lui dit-on alors, est un mendiant
Qui était bien pauvre, et le Seigneur, l’expédiant,
N’appesantit pas sa bourse, fort légère.
Hélas, sire ! La vie est une mégère !
Cet homme n’a pas pu payer son enterrement,
Les prêtres le lui font regretter chèrement
Et de son corps livide détournent leurs visages,
Sans le mettre en terre sainte, car l’usage
Est de payer d’abord pour le déplacement. »
Le pauvre mort semblait les contempler lassement
Pendant qu’ils répondaient à Jeannot de la sorte.
« Je paierai moi-même pour qu’enfin on le porte
En terre sainte ; allez dire à votre recteur,
Leur commanda Jeannot, de venir sans lenteur
Enterrer ce pauvre homme qu’on voue aux gémonies. »
Il assista, dévot, à la cérémonie,
Et jusqu’à l’ultime pelletée de terre resta.
Il se mit en route à nouveau quand on lesta
Le cadavre, et vit, près d’une croix de pierre,
A un carrefour, un renard assis sur terre
Qui ne fuit pas et qui lui dit : « Mon bon ami,
Dans ce chemin désert dis-moi ce qui t’a mis. »
« Je suis fils de roi. Par l’ordre de mon père,
Je suis parti, mes frères et moi, et on espère
Trouver le Merle blanc qui ramène à quinze ans
Et la belle princesse aux cheveux reluisants.
La royale couronne sera la récompense
De celui qui les va avoir ; comme tu penses,
De trouver ces merveilles nous sommes désireux,
Celui qui les aura sera le plus heureux,
Mais j’ai peur de ne point réussir. Je doute
De cette fable et de l’interminable route. »
« Ce sera toi qui les aura, dit le renard,
Mais méfie-toi de tes frères et de leurs tracquenards.  
Je suis l’âme du pauvre homme misérable,
Pour récompenser ton action vénérable,
Dieu a souffert que je te porte mon secours.
Dans la direction du soleil de midi cours
En suivant ce chemin ; la route est difficile
Et ton cheval sera souvent indocile,
Mais ne te décourage pas, prince bienveillant,
Et malgré les dangers reste toujours vaillant.
Tu trouveras l’oiseau dans une cage grossière,
Et tu dois l’y laisser malgré ses prières,
Sans le mettre dans la belle cage à côté.
Il serait joyeux de n’être plus ligoté
Dans son ancienne cage, et avec allégresse
Il chanterait, réveillant toute la forteresse,
Et les gens du château se hâteraient d’accourir
Et de t’emprisonner pour te faire mourir.
Je te dirai plus tard où trouver la Belle
Aux cheveux d’or, à mille aventuriers rebelle.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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