CONTE: LE PETIT ROI JEANNOT (PARTIE II)
II. La bonne action du petit roi Jeannot, et comment
il fut récompensé
Le chemin qu’avait pris Jeannot le petit
roi
Le mena bientôt à un difficile endroit
Qui était raboteux, coupé de fondrières,
Et lassant pour l’âme la plus
aventurière.
Mais Jeannot ne cessa point de toujours
marcher,
Malgré tous les obstacles, et de
toujours chercher.
Il arriva à un bourg dont la terre est
verte
Et dont les rustiques maisons sont
couvertes
De chaume, qu’autour d’une frêle église
on bâtit.
A la porte de son cimetière, le petit
Vit un mort étendu pauvrement par terre,
Recouvert d’un drap dont il fut
propriétaire.
Pour dire une prière Jeannot s’agenouilla
Avec recueillement, près du mort qu’on
souilla,
Et demanda pourquoi cette désinvolture
De laisser un chrétien ainsi sans
sépulture.
« Le défunt, lui dit-on alors, est
un mendiant
Qui était bien pauvre, et le Seigneur, l’expédiant,
N’appesantit pas sa bourse, fort légère.
Hélas, sire ! La vie est une mégère !
Cet homme n’a pas pu payer son
enterrement,
Les prêtres le lui font regretter
chèrement
Et de son corps livide détournent leurs
visages,
Sans le mettre en terre sainte, car l’usage
Est de payer d’abord pour le
déplacement. »
Le pauvre mort semblait les contempler
lassement
Pendant qu’ils répondaient à Jeannot de
la sorte.
« Je paierai moi-même pour qu’enfin
on le porte
En terre sainte ; allez dire à votre
recteur,
Leur commanda Jeannot, de venir sans
lenteur
Enterrer ce pauvre homme qu’on voue aux
gémonies. »
Il assista, dévot, à la cérémonie,
Et jusqu’à l’ultime pelletée de terre
resta.
Il se mit en route à nouveau quand on
lesta
Le cadavre, et vit, près d’une croix de
pierre,
A un carrefour, un renard assis sur
terre
Qui ne fuit pas et qui lui dit : « Mon
bon ami,
Dans ce chemin désert dis-moi ce qui t’a
mis. »
« Je suis fils de roi. Par l’ordre
de mon père,
Je suis parti, mes frères et moi, et on
espère
Trouver le Merle blanc qui ramène à
quinze ans
Et la belle princesse aux cheveux
reluisants.
La royale couronne sera la récompense
De celui qui les va avoir ; comme
tu penses,
De trouver ces merveilles nous sommes
désireux,
Celui qui les aura sera le plus heureux,
Mais j’ai peur de ne point réussir. Je
doute
De cette fable et de l’interminable
route. »
« Ce sera toi qui les aura, dit le
renard,
Mais méfie-toi de tes frères et de leurs
tracquenards.
Je suis l’âme du pauvre homme misérable,
Pour récompenser ton action vénérable,
Dieu a souffert que je te porte mon
secours.
Dans la direction du soleil de midi
cours
En suivant ce chemin ; la route est
difficile
Et ton cheval sera souvent indocile,
Mais ne te décourage pas, prince
bienveillant,
Et malgré les dangers reste toujours
vaillant.
Tu trouveras l’oiseau dans une cage
grossière,
Et tu dois l’y laisser malgré ses
prières,
Sans le mettre dans la belle cage à
côté.
Il serait joyeux de n’être plus ligoté
Dans son ancienne cage, et avec
allégresse
Il chanterait, réveillant toute la
forteresse,
Et les gens du château se hâteraient d’accourir
Et de t’emprisonner pour te faire
mourir.
Je te dirai plus tard où trouver la
Belle
Aux cheveux d’or, à mille aventuriers
rebelle.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
dimanche 8 mars 2015
Conte: Le petit roi Jeannot (Partie II)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: