mardi 10 mars 2015

Conte: Le petit roi Jeannot (Partie IV)

CONTE: LE PETIT ROI JEANNOT (PARTIE Iv)


IV. De quelle manière le petit roi Jeannot réussit à trouver et à libérer la Belle aux cheveux d’or

Le petit roi Jeannot, d’être sauvé content,
Suivit patiemment la route et marcha longtemps
Avant d’arriver au cimetière vide
Où il s’empara de la tête livide ;
Le Merle blanc l’aida à trouver le chemin
Et lui dit : « Mon maître, vous serez, le lendemain,
Au château où la Belle aux cheveux d’or demeure. »
Quand Jeannot était las de ces sombres heures
Où il marchait et en était désespéré,
Le Merle lui chantait de beaux airs éthérés,
Et il en oubliait ses fatigues mornes.
Il traversa une forêt semblant sans bornes,
Dont les arbres étaient si épais et si touffus
Que le voyageur en était souvent confus
Et que le soleil n’y reluisait point, blême.
Jeannot aperçut un château sans emblèmes
Qui était immense et semblait hospitalier,
Mais qui semblait depuis fort longtemps oublié,
Car Jeannot ne voyait pour le garder personne,
Et toutes ses portes étaient ouvertes et bessonnes.
Il parcourut avec précaution, les pieds nus,
Une longue suite d’appartements devenus
A des tombeaux pareils, déserts, sans bruit faire,
En retenant son souffle qu’il essayait de taire.
Il vit le lion hideux, qui était le gardien
De la Belle aux cheveux d’or, qu’il gardait si bien
Que, quand il s’endormait, le monstre difforme
Prenait sa tête entre ses pattes énormes
De peur qu’un ravisseur ne vînt la lui ravir,
Car son étrange amant aimait à l’asservir.
Lorsque Jeannot était entré, la sombre bête
Tenait entre ses griffes la charmante tête
De la Belle, en fermant les yeux à moitié.
Pour endormir ce fauve qui n’a point de pitié,
Le Merle siffla d’un air doux. Le lion farouche
S’endormit ; Jeannot mit un doigt sur sa bouche
Pour que la Belle se tût, quand il se montra.
Il l’ôta doucement, et bien qu’il la rencontrât
Pour la première fois, elle ne prit point la fuite.
A sa place il mit la tête de mort ensuite
Dans les griffes du lion, et quitta promptement
Avec la Belle qui lui souriait doucement
Le château, avant le réveil du lion funeste.
Le petit roi Jeannot, fort content, fut preste
A marcher, pour revenir à ses royaux parents
Avec les deux merveilles, car en s’en emparant
Il serait le nouveau roi après son père.
Il rencontra, dans sa route, ses deux frères,
Qui virent bien qu’il ne leur restait plus, hélas,
Qu’à rebrousser chemin, bien mécontents et las.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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