CONTE: LE CHÂTEAU SUSPENDU DANS LES AIRS (PARTIE V)
V. Comment le pêcheur sauva sa princesse, et de
quelle manière son ravisseur fut châtié par le roi
La femme du pêcheur était à sa fenêtre,
Innocente comme l’enfant qui vient de
naître ;
Apercevant son mari appelé par le
devoir,
Elle le reconnut, heureuse de le voir,
Car elle l’aimait bien, et elle était
ravie
Par un homme cruel qui menaçait sa vie
Et qui jurait, pour la fléchir, de la
tuer.
Elle s’empressa donc, de loin, de saluer
Son époux, et lui dit, sans être
entendue :
« En vous voyant, seigneur, mon âme
m’est rendue.
L’usurpateur, de tout mortel s’effarouchant,
Ne quitte jamais la tabatière ; en
couchant
Il la met, le fourbe, et ferme la porte,
Avant de dormir, sous son oreiller, de
sorte
Qu’on ne peut la prendre sans le
réveiller.
Je l’ai su en allant, mon cher, le
surveiller.
Sachez que je vous suis et vous serai
fidèle. »
Le pêcheur raconta tout ce qu’on fit d’elle
Au roi des Rats et des Souris, l’heureux
époux
De sa troisième sœur, avec un grand
courroux.
Après avoir songé à un stratagème,
Il lui dit : « Pour
sauver la princesse que j’aime,
Ordonne à un de tes sujets obéissants
D’aller dans la chambre pour fourrer,
roi puissant,
Sa queue dans sa bouche qui sera
entrouverte ;
Quand il toussera, ce qui causera sa
perte,
Et pendant qu’il sera assis sur son
séant,
Je reprendrai ma femme et mon château
géant
Quand je lui reprendrai enfin ma
tabatière. »
Sur le dos de l’aigle aux ailes altières
Le pêcheur revint au château, en apportant
Une souris avec lui et un rat sortant
Sa longue queue, noire comme une vieille
enclume,
En venant avec lui, de ses blanches
plumes.
Quand le seigneur se mit à ronfler, bien
nourri,
Elle courut jusqu’à sa chambre, et la
souris
Lui fourra sa queue dans la bouche ;
mais courte,
L’homme la lui serra d’une façon si
forte,
Sans qu’il se réveillât, qu’il la fit
cuiter.
Le rat à la longue queue entra sans
bruiter
Et il fourra sa queue jusque dans la
gorge
De l’homme qui dormait comme un fer dans
la forge.
Il s’éveilla, cette fois, toussant et
crachant,
A moitié étranglé. Le pêcheur, se
cachant
Auprès du lit, prit sa tabatière
enchantée
Et l’ouvrit, par la fée obéissante hantée,
Qui lui dit : « Maître,
que puis-je pour vous servir ? »
« Transporter cet homme qui a osé
ravir
Ma princesse, ainsi que mon château
prospère,
Là où il fut, dans le jardin de mon
beau-père. »
Répondit le pêcheur. Et le château
allait,
Et dans le jardin du roi, face à son
palais,
Fut enfin posé et resta immobile.
Le roi, en le voyant, crut être débile
Et qu’il eut la berlue, mais il vit
arriver
Son gendre et sa fille chérie. Sans se
priver
De l’embrasser, ils lui racontèrent l’histoire,
La lâcheté du seigneur, du pêcheur la
victoire ;
Le roi fut bien joyeux et châtia l’amant
Qu’il fit écarteler par quatre chevaux
fumants.
Le pêcheur et sa femme vécurent sans
peine
Jusqu’à la fin de leur vie serein et
sereine,
Mais, de peur d’un nouvel accident, il
cacha
Sa tabatière qu’à son ventre il attacha.
[FIN DU CONTE: LE CHÂTEAU SUSPENDU DANS LES AIRS]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
lundi 30 mars 2015
Conte: Le Château suspendu dans les airs (Partie V)
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