vendredi 27 mars 2015

Conte: Le Château suspendu dans les airs (Partie II)

CONTE: LE CHÂTEAU SUSPENDU DANS LES AIRS (PARTIE II) 


II. Comment le pêcheur découvrit les vertus de sa vieille tabatière, et ce qu’il en fit

Notre jeune pêcheur, quand il pensa tout vain,
De son village et de son foyer se souvint
Et de la mer qui lui fut souvent généreuse
Même quand la pêche lui fut onéreuse.
Il reprit donc de son village le sentier
Retrouver sa cabane, reprendre son métier
Et braver du destin la rude inclémence,
Mais quand il arriva, devant la mer immense,
Il ne revit plus son bateau que prit Mistrau
Et sa cabane était comme ces lieux spectraux
Où personne n’entre et dont le mystère effare.
Seuls son grappin restait et des bouts d’amarres
Qu’il contempla avec peine, à moitié pourris.
Il entra donc dans sa cabane, mal nourri
Et bien désespéré, malgré son courage,
Et fouilla dans les poches de son beau cirage
En y cherchant quelque pièce de cent sous,
Mais il ne trouva, par-dessus et par-dessous,
Rien, hormis sa vieille tabatière offerte
Par son beau-frère, et de cette découverte
Mécontent, il allait la jeter dans un coin
En pensant qu’il ne va pas en avoir besoin,
Puis se ravisa en se disant que peut-être
Il y avait du tabac. Dès qu’il l’ouvrit, « Maître,
Lui dit une voix, vous ne serez point trahi.
Pour votre service qu’y a-t-il ? » Ebahi
D’entendre parler sans qu’il ne vît personne,
A cette voix pareille à une enfançonne
Il dit : « Pour le moment, sans vouloir chagriner,
J’aimerais une table avec un bon dîner. »
Aussitôt se dressa devant lui une table
Pareille à celle d’un grand roi redoutable,
Emplie de pain, de viande, de café et de vin.
Lui qui avait jeûné, de la voir il devint
Fou de joie, et mangea avec gloutonnerie.
Quand il n’eut plus faim et soif, avec coquinerie,
Il ordonna d’être transporté à l’endroit
Où dormait cette nui-là la fille du roi.
Il s’éleva doucement au-dessus des nuages,
Et par le vent porté fit un galant voyage
Et fut bientôt sur un lit souple déposé
Où dormait la princesse au visage rosé,
Belle comme le jour, à la douce haleine,
Au souffle parfumé qu’on entend à peine.
Notre jeune pêcheur chastement la couvrit
Et à l’aurore, pour s’en aller, il rouvrit
Sa tabatière avant le réveil de la belle.
Il contemplait, pendant trois jours, sa colombelle,
Et se faisait servir de somptueux repas.
De sa douce beauté il ne se lassait pas
Et il était épris de ses divins charmes,
Et s’en allait, pour ne point lui causer d’alarmes,
Pareil à un voleur, aimant la surveiller,
A l’aurore, laissant le jour la réveiller.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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