CONTE: LE CHÂTEAU SUSPENDU DANS LES AIRS (PARTIE Iv)
IV. Ce que le pêcheur fit pour retrouver son château
et la princesse
Quand il revint de la chasse avec son
beau-père,
Le pêcheur ne vit point son château
prospère,
Et de ne plus le revoir il était si
surpris
Que le pauvre époux en faillit perdre l’esprit.
Le roi entra dans une terrible colère,
Voyant que sa fille et le château s’envolèrent,
Et fit devant sa cour le serment
solennel
Qu’il ferait écarteler son gendre
criminel
S’il ne ramenait pas, en deux mois, sa
fille ravie,
Par quatre chevaux noirs qui lui
prendraient la vie.
Le pêcheur était bien triste ; mais
il pensa
Que ses puissants beaux-frères et qu’il
récompensa
Par les mains de ses sœurs qui n’étaient
point laides,
Pourraient le secourir et lui apporter l’aide.
Il se mit en route, donc, pour aller les
voir,
Et au roi des Poissons il fit d’abord
savoir
La sombre trahison et l’affaire
affreuse,
Quand il eut embrassé sa sœur, bien
heureuse.
Il demanda au roi s’il entendit parler
D’un château suspendu dans les airs. « Déferler
M’est familier, lui dit-il, depuis ma
naissance,
Et, hélas, je n’en ai point eu
connaissance.
Mais attends, je ne suis point, mon
frère, inconstant,
Et je pourrai te dire, je pense, en un
instant
Où il est, car la mer de mes sujets est
pleine. »
Il les assembla, de la puce à la
baleine,
Et il leur demanda s’ils avaient entendu
Parler d’un grand château dans les airs
suspendu ;
Ils répondirent, sans apporter de
lumières,
Qu’ils en entendaient parler pour la
première
Fois, et ne savaient point que cette œuvre
existait.
Seul un Marsouin chenu sans répondre
restait.
Le roi lui demanda : « Toi
qui es vieux et sage,
As-tu vu ce château dans l’un de tes
passages ? »
Le Marsouin répondit : « Non,
votre majesté,
Mais d’un aigle savant le souvenir m’est
resté,
Qui m’en a parlé et l’a vu dans ses
voyages,
En me disant que dans huit jours un
mariage
Y sera célébré, et qu’on y a amené
Tant de viandes, qu’il en est encore
étonné,
Et qu’il n’avait jamais mangé autant,
maître. »
Le roi le remercia. Qu’on avait vu le
traître
Il dit à son beau-frère, qui sortit de
la mer
Et alla parler au roi des Oiseaux, amer,
De l’aigle, du château et de la
princesse.
Le roi, indigné de cette grande bassesse,
Réunit ses sujets et les interrogea
Au sujet d’une fille de roi qu’on
relogea
Et d’un château qui est suspendu aux
nuées.
L’aigle répondit : « Loin
des ondes remuées
Par le vent, à mille lieues, voyageant
alors,
J’ai vu ce château qui brille comme de l’or.
Dans huit jours, majesté, un roi y
célèbre
Un mariage, mais son épouse est funèbre,
Je ne sais pourquoi, car rien ne semble
plus beau
Que ce château qu’éclairent mille
radieux flambeaux,
Et la noce sera sans doute des plus
belles. »
« A mon commandement ne sois pas
rebelle,
Transporte cet homme au château »,
dit le roi.
« Volontiers, répondit l’aigle, à
cet endroit
Je vais le transporter, mais la route
est difficile
Et bien longue d’ici au royal domicile,
Et il me faut manger pour pouvoir
accomplir
Ma mission. » Pendant la nuit, on
vit se remplir
Le château de bouchers laborieux, qui
purent
Nourrir l’aigle jusqu’au matin, et le
repurent.
Il s’envola avec le pêcheur sur les
flots
Où on ne voyait rien, hormis le ciel et
l’eau.
Mais comme ses forces peu à peu
faiblissaient,
Sur un rocher que les grandes marées
laissaient
A découvert, il mit notre pêcheur,
allant,
Pour qu’il se sustentât, au château en
râlant.
Le pêcheur resta sur le rocher. L’inquiétude
Emplissait son cœur dans cette solitude,
La mer montait, montait, et loin de ses
regards,
L’aigle avait disparu, et le bonhomme
hagard
Se mit debout, sur la pointe la plus
élevée,
Certain que ses heures étaient
maintenant achevées.
L’eau baigna ses pieds, son genou, et atteignit
Sa taille, sans que le danger ne
contraignît
L’aigle à venir. Quand l’eau lui arriva,
mortelle,
Jusqu’au menton, il le vit ; sa
joie était telle
Qu’il faillit en périr. Il vint à son
secours
Et le déposa dans la château, à la cour.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 29 mars 2015
Conte: Le Château suspendu dans les airs (Partie IV)
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