jeudi 26 mars 2015

Conte: Le Château suspendu dans les airs (Partie I)

CONTE: Le château suspendu dans les airs (PARTIE I) 

I. Les trois seigneurs auxquels un jeune pêcheur maria ses trois sœurs, et ce qui lui arriva par la suite

Un bon pêcheur, jadis, n’avait pour seules mannes
Qu’un bateau, ses filets et une cabane
Petite et qu’on voyait qui contemplait la mer.
Mais notre bonhomme n’en était point amer
Car il avait un fils de bien bonne mine
Qui combattait avec lui les jours de famine
En allant à la pêche, et qui, lorsqu’il passait,
Entendait soupirer quand sa froideur lassait,
Et trois jolies filles presque du même âge,
Belles comme leur mère et à son image.
Le pêcheur, bien âgé, mourut ; son fils devint
Le chef de famille, et le fardeau lui revint
De partir chaque jour à la mer étonnée
Ramener à manger à toute sa maisonnée.
Un jour qu’il partait aux matinales lueurs,
Il vit à sa porte trois augustes seigneurs
Qui lui demandèrent à rester dans sa demeure
Pour se délasser du voyage quelques heures.
Il les accueillit et satisfit leur désir.
La beauté de ses sœurs leur fit tellement plaisir
Que tous les trois devinrent amoureux, prièrent
Leur hôte d’être leurs époux, et se marièrent
Avec les beautés qui dirent oui en rougissant.
Les trois seigneurs étaient en vérité puissants,
Et chacun d’eux était le roi d’un royaume :
Le roi des Poissons était le premier homme,
L’autre le roi des Rats, le dernier des Oiseaux,
Et ils étaient tous les trois des mondamoiseaux.
Après la noce, avant de quitter leur beau-frère,
A partir, d’abord, les trois se préparèrent
Puis lui firent chacun un présent : deux d’entre eux,
Qui lui semblaient être plus bons et généreux
Que leur confrère, lui offrirent des bourses
Pleines d’or, alors qu’il avait peu de ressources,
Et de le dernier, comme s’il n’était pas roi,
Ne lui offrit, hélas, malgré son grand arroi,
Au lieu d’une bourse, qu’une vieille tabatière,
Que le jeune pêcheur, d’une âme trop altière
Pour lui en demander l’utilité, cacha
Dans sa vareuse, sans l’ouvrir, et sa fâcha
En pensant que c’était une moquerie infâme
De ce roi riche et qui prit sa sœur pour femme.
Les trois sœurs partirent donc avec leurs maris.
Ennuyé, le pêcheur s’en alla à Paris ;
Sa bourse bien garnie et sa belle figure
Semblaient être au jeune homme heureux de bon augure,
Il s’habilla comme un bourgeois cossu, vivant
Sans qu’il ne manquât de rien. Les jours se suivant,
Et comme il ne comptait jamais ses dépenses
Et que la jeunesse à demain jamais ne pense,
Il finit par vider sa bourse, et fut chassé
De sa maison, et comme un hère trépassé
Il fut oublié de ses amis volages
Et il n’eut droit qu’à leurs méchants persiflages.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: