CONTE: LE CHÂTEAU SUSPENDU DANS LES AIRS (PARTIE III)
III. De quelle manière le jeune pêcheur devint
l’époux de la princesse, et ce qui arriva ensuite
Cependant le père de la belle princesse
Fit publier à son de trompe, sans cesse,
Dans tout son royaume et aux pays
voisins,
Que celui qui pourrait remplir les
magasins
De plus de grains, serait l’époux de sa
fille,
La plus belle des femmes et la plus gentille,
Car la récolte était bien maigre, et ses
sujets,
Menacés de famine, expliquaient son projet.
Les prétendants étaient nombreux, et les
routes
De chargements de grains étaient emplies
toutes,
Ainsi que des navires dans les flots
rassemblés,
Immenses et dont la cale était remplie
de blé.
Notre jeune pêcheur était content
d’apprendre
La promesse du roi qu’il venait
d’entendre,
Et il se dit que sa tabatière pourrait
De la belle princesse dont il
s’énamourait
Faire de lui l’époux. « Je veux des
charrettes
Toutes chargées de blé, à voyager
prêtes,
Avec de bons attelages et de bons
charretiers,
Qui appesantiront le royaume
entier. »
Ordonna-t-il à sa vieille tabatière.
Tout cela vint, chargé de la précieuse
matière,
Et les routes furent couvertes de
chariots
Plus nombreux que les grains de sable et
les loriots.
Le pêcheur les amena au roi. « Il
me semble
Que vous avez plus de grains que ces
hommes ensemble. »
Lui dit le noble roi qui le nomma
vainqueur.
La princesse épousa son amant de bon
cœur,
Et comme il fut beau, elle n’en était
point marrie.
Pour plaire à son beau-père ainsi qu’à
sa chérie,
Il demanda à sa tabatière un château
Suspendu dans les airs, invisible aux
bateaux,
Par quatre chaînes d’or, immense et
prospère,
Au-dessus du palais de son royal
beau-père.
Il était magnifique, et rien n’était
pareil
A ce château aussi radieux que le
soleil.
Quand le roi le vit, il demanda à son
gendre
D’où vint cet édifice. « Cela va
vous surprendre,
Répondit le pêcheur, sire, mes ouvriers,
Qu’on ne voit pas et plus nombreux que
vos guerriers,
L’ont bâti cette nuit, pour que votre
fille
Soit à vos côtés, dans ce château qui
brille.
Venez, si vous voulez, maintenant le
visiter. »
Le roi embrassa son gendre, et sans
hésiter
Le suivit, bien ébloui de tout ce qui s’y
trouve.
Il dit à son gendre : « Ce
château me prouve
Que vous aimez ma fille, et j’en suis
fort content.
Venez chasser, nous ne resterons point
longtemps. »
Un prétendant, en leur absence, âme
rusée,
Aperçut dans un coin la tabatière usée
En visitant les lieux. Étonné de la voir
Dans ce château auguste, il l’ouvrit
pour savoir
Ce qu’il y avait dedans. La voix
féerique
Qu’il crut d’abord, surpris de l’ouïr,
chimérique,
Dit : « Pour votre
service, mon maître qu’y a-t-il ? »
Il répondit : « Soyez de
mon courroux l’outil,
Transportez ce château avec la princesse
A mille lieues d’ici. » Souriant
avec bassesse,
Il sentit le château bouger par son
devers
Et passer au-dessus des forêts et des
mers
Qu’il traversait, rapide, comme s’il
avait des ailes,
Obéissant à son commandement avec zèle,
Et s’arrêter enfin dans un pays lointain
Où il n’y avait âme qui vive, sombre et
hautain.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
samedi 28 mars 2015
Conte: Le Château suspendu dans les airs (Partie III)
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