CONTE: NOROUÂS (PARTIE V)
V. Ce qu’on allait faire au bonhomme, et comment il
se tira d’affaire
Avec l’argent
que son âne lui faisait,
Le bonhomme
devint armateur. On disait
Qu’il était un
voleur, en voyant sa flotte,
Ses cent navires
et ses courageux pilotes,
Et que pour s’enrichir
aussi vite il fallait
Qu’il eût tué
quelqu’un. Jusqu’au royal palais
Le bruit courut,
tellement il était célèbre,
Et le roi,
entendant ses ministres funèbres,
Condamna le
vieux à être guillotiné.
A l’échafaud il
fut alors acheminé,
Et il y avait,
sur la place, plein de monde
Pour contempler
de sa mort le spectacle immonde.
Le bonhomme dit,
sans lâcheté et sans remords :
« Puisqu’on
ne refuse rien aux condamnés à mort,
Hormis qu’ils
soient sauvés, ayez la gentillesse
De m’apporter
céans mon bâton de vieillesse
Que je le voie
encor avant de trépasser. »
On le lui
apporta sans s’en embarrasser,
Il le prit à la
main et dit à l’assemblée
Qui d’entendre
ses fières paroles était troublée :
« Vous n’êtes
tous que de vils jaloux sans pitié.
Mon bâton,
déplie-toi afin de les châtier,
De ce noir échafaud
fais maintenant un vestige. »
Et voilà le
bâton qui en l’air voltige ;
Il cassa la tête
du bourreau, renversa
Les gendarmes,
brisa l’échafaud, traversa
Toute l’assemblée,
qu’il rossa avec puissance.
« Arrêtez,
mon bonhomme ! De votre innocence
Nous sommes persuadés,
et vous serez gracié !
Criait-on. A
votre bâton maléficié
Ordonnez, s’il
vous plaît, de ne plus nous battre. »
Au bâton
enchanté dont il était le maître
Le bonhomme dit : Ora pro nobis. Il cessa
De les rosser,
et dans sa main se redressa,
Prêt à punir, s’il
le fallait, toute la ville.
Le bonhomme
retourna chez lui, enfin tranquille,
Pour lui
rechercher noise on était trop peureux,
Jusqu’à la fin
de ses jours il vécut heureux.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mercredi 18 février 2015
Conte: Norouâs (Partie V)
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