CONTE: norouâs (PARTIE i)
I. Pourquoi un bonhomme voulut se venger du fougueux
Norouâs
Il y avait un
bonhomme et une bonne femme
Qui, sans être
très riches, avaient de la fame.
Ils vivaient d’un
petit champ bien généreux
Où ils semaient
du lin, et en étaient heureux
Car leur lin y
poussait toujours à merveille,
Et il fallait,
pour le garder, maintes veilles.
Quand il était
bien mûr, ne cessant point d’en jouir,
Les bonnes gens
l’arrachaient et le mettaient à rouir
Puis l’étendaient,
pour qu’il séchât, dans la prairie.
Ils s’en
réjouissaient, un jour, dans leur marcairie,
Leur lin étant
plus que d’habitude abondant,
Et ils
songeaient avec bonheur, en le sondant,
Aux chalands et
aux belles ventes qu’ils allaient faire ;
Mais, alors qu’ils
étaient ainsi à se plaire,
Il vint un
violent coup de vent de Norouâs
Qui jeta leur
lin sur un chêne qui s’encroua
Puis l’éparpilla
dans l’océan immense.
Le bonhomme,
mécontent de cette inclémence
Du destin, se
mit à jurer après le vent,
Il prit son
bâton à marotte, et se levant,
Pour tuer le
maudit Norouâs se mit en route.
Il n’emporta
avec lui que quelques croûtes,
Ne pensant
voyager que deux jours seulement ;
Son voyage fut
plus long. Il allait pâlement,
Se mourant de
faim, plein de rage et de tristesse.
Il arriva à un
hôtel, et à l’hôtesse
Dit : « Je
n’ai pas le sou ; madame, par charité,
Ayez pitié d’un
hère qui dit la vérité
Et ne le traitez
pas avec sombre furie.
Je veux coucher
dans un coin de votre écurie,
Je partirai à l’aube
sans vous importuner. »
L’hôtesse eut
pitié de cet homme infortuné
Et lui donna du
pain et une botte de paille,
Ce qui sembla, à
ce malheureux, une ripaille,
Car il avait
grand faim et soif. Le lendemain,
Il remercia,
avant de rebrousser chemin,
Sa bonne hôtesse
et lui demanda : « Pour qu’il meure,
Pourriez-vous me
dire où Norouâs demeure ? »
« Si,
répondit-elle, suivez-moi, mon bon sieur »
Elle le
conduisit au pied d’un mont silencieux
Où habitaient
les vents puissants l’année entière.
Il vit d’abord
Surouâs, et d’une voix altière
Lui demanda : « Est-ce
toi, Norouâs, le coquin
Qui a abîmé mon
lin ? Si tu l’es, faquin,
Je viens pour te
rosser ton malfaisant derrière. »
« Parle
moins fort ou fais ton ultime prière,
Lui répondit le
vent. C’est Surouâs qui je suis,
Et le fougueux
Norouâs que fougueusement tu suis
N’épargne ni les
lins, ni les fleurs, ni les cébettes,
Et il t’enlèverait
dans les airs comme une guibette. »
Norouâs vint
cependant en soufflant. « Ah ! Gredin !
S’écria le
bonhomme, rends-moi mon lin ! » « Bredin,
Répondit Norouâs,
va-t’en ou je te rosse,
Et en soufflant
sur toi, malheureux, je te brosse. »
« Non !
s’écria-t-il une autre fois, de rage plein.
Je ne partirai
pas avant de voir mon lin. »
« Heureusement
pour toi, je suis en bonne assiette,
Dit Norouâs.
Prends cette magique serviette ;
Lorsque tu lui
diras : Serviette, déplie-toi !
Elle sera une
table servie que sous nul toit
Nul homme n’a
jamais vue. Va-t’en et me quitte,
Car d’habitude
je me fâche bien vite. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
samedi 14 février 2015
Conte: Norouâs (Partie I)
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