CONTE: NOROUÂS (PARTIE IV)
IV. Comment le bonhomme punit sa fourbe hôtesse et
finit par reprendre tous ses biens volés
Le bonhomme,
dans son emportement sombre,
Prit son bâton
et il voyagea dans l’ombre.
Il fit le même
chemin et il s’en retourna
Au même hôtel où
deux fois il séjourna.
Il dit à son
hôtesse : « Norouâs, ce fourbe,
M’a encore
attrapé ; cette fois, dans la bourbe,
Je vais le faire
choir, et il le regrettera,
Et mon bâton que
vous voyez l’affaitera. »
« C’est
juste, dit l’hôtesse. Norouâs vous irrite,
Et cette
vengeance, sans doute il la mérite.
Repassez par ici
quand ce sera fini
Et quand avec
lui vous vous serez réuni. »
Le lendemain le
bonhomme se leva de bonne heure,
De Norouâs
gravit la haute demeure
Et lui dit : « Norouâs,
tu n’es qu’un gros voleur !
Tu m’as donné un
âne qui n’a point de valeur
Et qui n’est
enchanté que deux fois de suite !
Rends-moi mon lin,
excuse-toi pour ta conduite ! »
« Ah !
répondit Norouâs, tu veux tout m’enlever ! »
« Rends-moi
mon lin, coquin, ou je vais t’achever. »
Répéta le
bonhomme. « Tu es brave et bête,
Et je peux t’enlever
comme une guibette,
Menaça le vent qui
commença à souffler
Et dont le sein
était en train de se gonfler.
C’est ton
hôtesse qui est une fourbe voleuse,
Va lui dire à ma
place ces paroles houleuses,
Prends ce bâton,
quand tu lui diras : « Déplie-toi »,
Il frappera à en
remuer le toit ;
Il faut lui
dire, quand tu voudras qu’il s’arrête :
Ora pro nobis. » « Ah ! de cette soubrette,
Dit le bonhomme,
je me vengerai sans pitié.
Excusez mes
propos emplis d’inimité,
C’est elle qui
est une fourbe et une coquine,
Et ce bâton
rossera cette voleuse mesquine. »
Content, le
bonhomme retourna à l’hôtel,
Prêt, s’il le
fallait, à rosser tous les mortels,
Pour reprendre
ses biens. Son hôtesse impatiente
L’attendait à la
porte, douce et accueillante,
Et lui dit : « Et
Norouâs, vous a-t-il bien payé ? »
Le bonhomme
répondit : « Ah ! bien essayé !
Rends-moi mon
âne et ma serviette, larronnesse. »
Elle s’écria
avec la même finesse :
« Ah !
je ne vous ai rien pris. Cessez de crier,
Quand vous êtes
venu ici pour me prier
De vous
accueillir, je l’ai fait sans alarmes.
Allez-vous-en ou
je cherche les gendarmes. »
Il dit à son
bâton de se déplier,
Et il frappait l’hôtesse
surprise, sans oublier
Ses domestiques,
son garçon et sa fillette,
En cassant les
verres, les plats et les assiettes.
« Assez,
assez ! cria l’hôtesse, je vous rends
Votre serviette
et votre âne. Hélas ! J’en apprends
Une bonne leçon,
j’en serai plus sage,
Et de l’honnêteté
je fais l’apprentissage. »
Le bonhomme
revint chez lui, et il trouva
Sa femme qui l’attendait.
Eblouie, il lui prouva
Les vertus de
son âne et de sa serviette.
Des voleurs la
bonne femme était inquiète,
Mais il lui
montra son bâton qu’il fit tonner
Et lui dit : « Ce
bâton est prompt à bâtonner,
Mais je ne vais
pas te dire comment il rosse
De peur qu’avec
lui un jour tu ne me brosses. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mardi 17 février 2015
Conte: Norouâs (Partie IV)
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