mardi 17 février 2015

Conte: Norouâs (Partie IV)

CONTE: NOROUÂS (PARTIE IV)


IV. Comment le bonhomme punit sa fourbe hôtesse et finit par reprendre tous ses biens volés

Le bonhomme, dans son emportement sombre,
Prit son bâton et il voyagea dans l’ombre.
Il fit le même chemin et il s’en retourna
Au même hôtel où deux fois il séjourna.
Il dit à son hôtesse : « Norouâs, ce fourbe,
M’a encore attrapé ; cette fois, dans la bourbe,
Je vais le faire choir, et il le regrettera,
Et mon bâton que vous voyez l’affaitera. »
« C’est juste, dit l’hôtesse. Norouâs vous irrite,
Et cette vengeance, sans doute il la mérite. 
Repassez par ici quand ce sera fini
Et quand avec lui vous vous serez réuni. »
Le lendemain le bonhomme se leva de bonne heure,
De Norouâs gravit la haute demeure
Et lui dit : « Norouâs, tu n’es qu’un gros voleur !
Tu m’as donné un âne qui n’a point de valeur
Et qui n’est enchanté que deux fois de suite ! 
Rends-moi mon lin, excuse-toi pour ta conduite ! »
« Ah ! répondit Norouâs, tu veux tout m’enlever ! »
« Rends-moi mon lin, coquin, ou je vais t’achever. »
Répéta le bonhomme. « Tu es brave et bête,
Et je peux t’enlever comme une guibette,
Menaça le vent qui commença à souffler
Et dont le sein était en train de se gonfler.
C’est ton hôtesse qui est une fourbe voleuse,
Va lui dire à ma place ces paroles houleuses,
Prends ce bâton, quand tu lui diras : « Déplie-toi »,
Il frappera à en remuer le toit ;
Il faut lui dire, quand tu voudras qu’il s’arrête :
Ora pro nobis. » « Ah ! de cette soubrette,
Dit le bonhomme, je me vengerai sans pitié.
Excusez mes propos emplis d’inimité,
C’est elle qui est une fourbe et une coquine,
Et ce bâton rossera cette voleuse mesquine. »
Content, le bonhomme retourna à l’hôtel,
Prêt, s’il le fallait, à rosser tous les mortels,
Pour reprendre ses biens. Son hôtesse impatiente
L’attendait à la porte, douce et accueillante,
Et lui dit : « Et Norouâs, vous a-t-il bien payé ? »
Le bonhomme répondit : « Ah ! bien essayé !
Rends-moi mon âne et ma serviette, larronnesse. »
Elle s’écria avec la même finesse :
« Ah ! je ne vous ai rien pris. Cessez de crier,
Quand vous êtes venu ici pour me prier
De vous accueillir, je l’ai fait sans alarmes.
Allez-vous-en ou je cherche les gendarmes. »
Il dit à son bâton de se déplier,
Et il frappait l’hôtesse surprise, sans oublier
Ses domestiques, son garçon et sa fillette,
En cassant les verres, les plats et les assiettes.
« Assez, assez ! cria l’hôtesse, je vous rends
Votre serviette et votre âne. Hélas ! J’en apprends
Une bonne leçon, j’en serai plus sage,
Et de l’honnêteté je fais l’apprentissage. »
Le bonhomme revint chez lui, et il trouva
Sa femme qui l’attendait. Eblouie, il lui prouva
Les vertus de son âne et de sa serviette.
Des voleurs la bonne femme était inquiète,
Mais il lui montra son bâton qu’il fit tonner
Et lui dit : « Ce bâton est prompt à bâtonner,
Mais je ne vais pas te dire comment il rosse
De peur qu’avec lui un jour tu ne me brosses. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: