CONTE: NOROUÂS (PARTIE III)
III. Le deuxième présent que Norouâs fit au bonhomme
Le vieux
bonhomme se mit, sans s’effaroucher,
En route, et
dans le même hôtel alla coucher.
Il dit à son
hôtesse, qui devint plus prospère :
« Norouâs
est un coquin que rosser j’espère,
Il m’a donné une
serviette sans valeur,
Aux éphémères
pouvoirs, ce maudit rigoleur. »
« Repassez
par ici, répondit l’hôtesse,
Quand vous l’aurez
puni pour sa scélératesse. »
Quand il fut, le
lendemain, sur le faîte du mont,
Il se mit à
crier : « Norouâs, vieux démon !
Ta serviette ne
sert que deux fois éphémères !
Coquin,
rends-moi mon lin et prends ta chimère ! »
Norouâs répondit : « Cesse
de crier si fort,
Ou je t’enlève
en l’air et te jette loin du port,
Dans la mer
immense et qui sera ta tombe. »
Le bonhomme s’écria : « Pas
si tu retombes
De ton mont
avant ! Je ne viens pas saluer,
Rends-moi mon
lin maintenant ou je vais te tuer. »
Norouâs rit
bruyamment et lui dit : « Prends cet âne
Qui fut enchanté
par une puissante gitane ;
Lorsque tu lui
diras : « Ane, fais-moi de l’or »,
Tu en auras,
bonhomme, à foison. » Alors,
Le bonhomme
descendit la montagne haute,
Et pour voir s’il
n’avait point fait une faute
En croyant
Norouâs, dit à son animal :
« Ane,
fais-moi de l’or. » Sans qu’il lui en prît mal,
Il vit l’âne
lever la queue, et sur la route
Faire choir des
rouleaux d’or ; les plus beaux, sans doute,
Que l’on pût
voir. Content à en perdre l’esprit,
Le bonhomme
ramassa, de son pactole surpris,
Les pesantes
pièces dont il remplit ses poches.
Son hôtesse, qui
grâce à lui ne tournait plus broche,
Vit son âne et
lui dit : « Je vous vois bien gaillard ;
Avez-vous vu Norouâs ?
Qu’est-ce que cet âne braillard ? »
Le bonhomme lui
parla longtemps du miracle,
Et quand l’hôtesse
jalouse en vit le spectacle,
Dans sa chambre
la plus belle elle le fit dormir,
Alla à l’écurie où
elle mit, sans frémir,
A la place de
son âne un autre semblable.
Se levant après
une nuit fort agréable,
Le bonhomme alla
chez lui. Sa femme lui dit :
« Est-ce
que Norouâs de toi encore se rit ?
T’a-t-il bien
payé, cette fois ? » « Tu seras ravie,
Lui répondit-il,
je le jure sur ma vie.
Sous la queue de
cet âne tends ton blanc tablier,
L’or qu’il fera
tomber nous fera oublier
Les jours de
pauvreté et de lassitude. »
« Ane,
fais-moi de l’or. » Commanda-t-il. Rude,
Il réitéra son
ordre, sans rien faire choir.
« Comme un
sot Norouâs a fini par te ravoir. »
Lui dit sa femme.
Il fut dans une colère telle
Qu’il jura
contre le vent une vengeance mortelle
Et qu’il allait
tuer son inutile baudet
En entendant sa
femme qui raillait et boudait.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
lundi 16 février 2015
Conte: Norouâs (Partie III)
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