CONTE: NOROUÂS (PARTIE II)
II. Comment le bonhomme fut dupé par son hôtesse jalouse
Le bonhomme, que
ce présent put égayer,
Descendit du
mont, puis il voulut essayer
Sa serviette qu’il
mit sur l’herbe fraîche et verte.
Il lui dit : « Déplie-toi. »
En une table couverte
De pain, de
viande et de vin, elle se changea,
Et le bonhomme
de bon appétit mangea.
Il revint à l’hôtel
où il coucha la veille,
A son hôtesse
voulant parler de sa merveille;
Elle lui demanda : « Je
vous vois égayé,
Le véhément
Norouâs vous a-t-il bien payé ? »
« Ah !
oui, répondit-il. Grâce à cette serviette,
Nul dans cet
hôtel ne mangera des miettes,
Et je vais
régaler, seul, tous vos invités. »
L’hôtesse se
riait de cette fatuité,
Mais voilà que
devant ses yeux incrédules
Se dresse une
table devant la pendule,
Appesantie d’assiettes,
de verres, de pains, de vins,
Qui après le
repas, fort copieux, redevint
Une serviette. L’hôtesse,
d’admiration muette,
Fit coucher son
hôte dans un beau lit, sur une couette
De plumes ;
il s’endormit bien vite, et il ronflait
Comme un
bienheureux que le voyage essoufflait.
Son hôtesse, qui
de son bien était jalouse,
Mit une autre
serviette, semblable, dans sa blouse,
Sans qu’il ne s’aperçût,
pendant son lourd sommeil.
Quand le ciel
commençait à devenir vermeil,
Le bonhomme se
leva, et l’âme joyeuse,
Revint à sa
demeure. Sa femme laborieuse
Etait contente
de le voir aussi content,
Et lui dit : « A
chercher Norouâs tu fus longtemps.
T’a-t-il bien
payé ? » « Oui, répondit-il, regarde
La belle
serviette. » « Vieux sot, tu te hasardes,
S’écria sa
femme, à faire ce voyage sans fin
Pour prendre une
serviette ! Dans notre pièce de lin
Nous en avions
deux cents, plus soyeuses et belles. »
« Ne crie
pas, dit-il à sa femme rebelle,
Cette serviette
est magique et tu vas le voir. »
Dupé par son
hôtesse, la nuit, sans le savoir,
Il commanda à sa
serviette de devenir table
Trois ou quatre
fois ; plein d’une colère redoutable,
Il ne vit rien
venir, et sa femme le raillait.
« Hier,
pourtant, je le jure, je ripaillais,
Ainsi que toutes
les gens à l’hôtel réunies,
Cria-t-il, grâce
à cette serviette bénie,
La même que dans
ma main aujourd’hui tu vois !
Norouâs m’a
attrapé, mais de ce vieux grivois
Je vais me
venger, tu peux en être sûre,
Et avec mon
bâton rosser ses flapissures. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
dimanche 15 février 2015
Conte: Norouâs (Partie II)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: