CONTE: la chèvre blanche (PARTIE I)
I. Ce que sa méchante belle-mère fit à Euphrosine,
la fille d’un capitaine
Il était une
fois un bon capitaine
Qui voyageait
souvent à des contrées lointaines
Et dont la femme
mourut quand elle donna le jour
A une fille qu’il
aimait d’un tendre amour,
Belle comme sa
mère, qu’on nomma Euphrosine,
Aux yeux qui
reluisaient comme des rosines.
Sa marraine
était une fée. Le cœur fort amer
De la mort de sa
femme, son père errait en mer
En confiant son
enfant à une nourrice
Et en bravant
des flots les éternels caprices.
Quand sa fille
grandit, il trouva qu’elle était
Mal nourrie et
soignée, et pour elle s’inquiétait
Quand il vit qu’elle
semblait une chétive pécore
Au point qu’il
décida de se marier encore,
Car son enfant d’une
mère avait grand besoin
Qui l’aimât et
qui lui prodiguât ses bons soins.
Peu de temps
après son rapide mariage,
Il se rembarqua
pour un rude voyage
Qui devrait
durer trois ans. Il recommanda
Sa fille à sa
femme, et doucement lui demanda
De ne priver de
rien la pauvre orpheline.
Elle le lui
jura, mais c’était une maline
Et une bien
méchante femme, qui n’adorait
Que sa fille
Césarine, et aussi abhorrait
Euphrosine, car
elle était la plus belle.
Sa figure était
douce, sa chevelure rebelle
Descendait sur
son dos, à l’oreille elle avait
Une petite
marque rouge. Sa belle-mère la privait
De tout ce qu’elle
voulait, de sa beauté jalouse,
Marâtre pour
elle et mauvaise épouse,
Qui de la faire
mourir de faim avait choisi
Et ne lui
donnait que des croûtes de pain moisi
A manger, ainsi
que de vieilles pommes de terre.
Elle l’envoyait
aussi dans les champs austères
Garder quatre
moutons blancs, et elle lui donnait
Une grosse
quenouille à filer. Elle revenait
Parfois sans qu’elle
ne remplît sa lourde tâche,
Et sa belle-mère
que sa paresse fâche
La battait
rudement et l’envoyait coucher
Sans souper.
Mais venant chaque soir la chercher,
Sa bonne
marraine, qui l’aimait comme sa fille,
Lui donnait à
manger. Bien fraîche et gentille,
Elle devenait
plus belle au lieu de dépérir,
Et sa misère, au
lieu de la faire mourir,
Semblait la
rendre chaque jour plus pleine de vie.
Sa méchante
bonne-mère n’en était point ravie ;
« Comment
cela se fait-il ? Je ne lui donne rien
A manger, et
pourtant elle est belle et va bien ! »
Disait la
méchante femme. Césarine,
Qui était fort
laide et maigre comme une pèlerine,
Mais qui avait
bon cœur, lui répondait souvent :
« Ah !
maman, le bon Dieu vous punit, vous prouvant
Qu’il ne souffre
pas le mal et l’injustice.
Avant que ceci à
votre mort n’aboutisse,
Traitez Euphrosine
comme vous me traitez
Et de la
torturer chaque jour arrêtez,
C’est une pauvre
orpheline esseulée et amère,
Et vous êtes sa
mère comme vous êtes ma mère. »
« Tais-toi,
petite sotte ! s’écriait-elle alors.
Quelqu’un lui
apporte à manger, sans doute, dehors.
Demain tu iras
voir qui c’est ; j’irai moi-même
Après-demain,
voir qui l’empêche d’être blême. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
vendredi 20 février 2015
Conte: La Chèvre blanche (Partie I)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: