vendredi 20 février 2015

Conte: La Chèvre blanche (Partie I)

CONTE: la chèvre blanche (PARTIE I)


I. Ce que sa méchante belle-mère fit à Euphrosine, la fille d’un capitaine

Il était une fois un bon capitaine
Qui voyageait souvent à des contrées lointaines
Et dont la femme mourut quand elle donna le jour
A une fille qu’il aimait d’un tendre amour,
Belle comme sa mère, qu’on nomma Euphrosine,
Aux yeux qui reluisaient comme des rosines.
Sa marraine était une fée. Le cœur fort amer
De la mort de sa femme, son père errait en mer
En confiant son enfant à une nourrice
Et en bravant des flots les éternels caprices.
Quand sa fille grandit, il trouva qu’elle était
Mal nourrie et soignée, et pour elle s’inquiétait
Quand il vit qu’elle semblait une chétive pécore
Au point qu’il décida de se marier encore,
Car son enfant d’une mère avait grand besoin
Qui l’aimât et qui lui prodiguât ses bons soins.
Peu de temps après son rapide mariage,
Il se rembarqua pour un rude voyage
Qui devrait durer trois ans. Il recommanda
Sa fille à sa femme, et doucement lui demanda
De ne priver de rien la pauvre orpheline.
Elle le lui jura, mais c’était une maline
Et une bien méchante femme, qui n’adorait
Que sa fille Césarine, et aussi abhorrait
Euphrosine, car elle était la plus belle.
Sa figure était douce, sa chevelure rebelle
Descendait sur son dos, à l’oreille elle avait
Une petite marque rouge. Sa belle-mère la privait
De tout ce qu’elle voulait, de sa beauté jalouse,
Marâtre pour elle et mauvaise épouse,
Qui de la faire mourir de faim avait choisi
Et ne lui donnait que des croûtes de pain moisi
A manger, ainsi que de vieilles pommes de terre.
Elle l’envoyait aussi dans les champs austères
Garder quatre moutons blancs, et elle lui donnait
Une grosse quenouille à filer. Elle revenait
Parfois sans qu’elle ne remplît sa lourde tâche,
Et sa belle-mère que sa paresse fâche
La battait rudement et l’envoyait coucher
Sans souper. Mais venant chaque soir la chercher,
Sa bonne marraine, qui l’aimait comme sa fille,
Lui donnait à manger. Bien fraîche et gentille,
Elle devenait plus belle au lieu de dépérir,
Et sa misère, au lieu de la faire mourir,
Semblait la rendre chaque jour plus pleine de vie.
Sa méchante bonne-mère n’en était point ravie ;
« Comment cela se fait-il ? Je ne lui donne rien
A manger, et pourtant elle est belle et va bien ! »
Disait la méchante femme. Césarine,
Qui était fort laide et maigre comme une pèlerine,
Mais qui avait bon cœur, lui répondait souvent : 
« Ah ! maman, le bon Dieu vous punit, vous prouvant
Qu’il ne souffre pas le mal et l’injustice.
Avant que ceci à votre mort n’aboutisse,
Traitez Euphrosine comme vous me traitez
Et de la torturer chaque jour arrêtez,
C’est une pauvre orpheline esseulée et amère,
Et vous êtes sa mère comme vous êtes ma mère. »
« Tais-toi, petite sotte ! s’écriait-elle alors.
Quelqu’un lui apporte à manger, sans doute, dehors.
Demain tu iras voir qui c’est ; j’irai moi-même
Après-demain, voir qui l’empêche d’être blême. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: