mercredi 28 janvier 2015

Conte: Les petites Coudées (Partie V)

CONTE: LES PETITES COUDÉES (PARTIE V)


V. Le prodige qui se produisit quand Crépuscule devint l’épouse du Serpent vert

La Chatte blanche ordonna aux Coudées d’apprêter
Le château pour la belle noce qu’on allait fêter ;
Les invités étaient nombreux, elles ployèrent
Sous le travail, mais de leur mieux s’y employèrent.
La salle, magnifique et radieuse, se remplit
De la noblesse du royaume qui l’embellit,
Des princes et des princesses, des rois et des reines,
Y erraient, augustes, et elle en était pleine.
Parmi eux il y avait les sinistres parents
De Crépuscule et de sa belle sœur, comparant
Les robes des princesses à la robe d’Aurore,
Venus à cette noce car ils lui cherchaient encore
Un prince qui daignât de bon cœur l’épouser,
Occupés à médire, moquer et jalouser.
Crépuscule avait la robe la plus belle,
Couleur de la voûte du ciel, et à la chapelle
Allait, en se laissant fièrement appesantir
Par une couronne d’étoiles, semblant la ralentir,
Et qui lui fut par le bon Serpent offerte.
Tous les invités, en voyant sa queue verte,
Se disaient : « Ah ! qu’ils sont différents, tous les deux !
Quelle belle princesse et quel mari hideux ! »
A la chapelle l’évêque vit avec surprise
L’époux dont la princesse devait être éprise
Pour souffrir ce mariage étrange et sans pareil
Mais il n’était point là pour donner des conseils,
Et il demanda au Serpent s’il voulait prendre
Crépuscule pour épouse. Il dit oui sans attendre ;
L’évêque demanda à la princesse au front doux
Si elle voulait que le Serpent fût son époux.
« Oui » répondit-elle. Le prêtre écrit dans son rôle,
Et dès que la princesse prononça cette parole,
Jurant d’être fidèle à son sacré devoir,
Le Serpent fut le plus beau prince qu’on pût voir,
Les Coudées reprirent leur taille naturelle
Et devinrent des dames qui n’étaient point frêles,
La Chatte blanche, elle, devint sans tarder
La plus belle reine que l’on pût regarder.
Elles furent toutes par une sorcière charmées
Et en ces créatures par elle transformée,
Comme le prince dont se rompit le sort fatal.

L’on se réjouit beaucoup au château de cristal
Où il y eut un bal et des repas superbes.
La belle Aurore, malgré son cœur acerbe,
Trouva un prince à son goût ; tous furent contents,
Crépuscule avec son mari vécut longtemps,
Il demeura heureux, elle demeura ravie,
Et ils s’aimèrent jusqu’à la fin de leur douce vie.

[FIN DU CONTE: LES PETITES COUDÉES]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: