dimanche 25 janvier 2015

Conte: Les petites Coudées (Partie II)

CONTE: LES PETITES COUDÉES (PARTIE Ii)


II. Ce que l’écuyer fit à Crépuscule pour obéir aux ordres de son cruel père

Quand ils eurent fait plusieurs lieues, lasse de la route,
Crépuscule dit à son écuyer : « Je doute
Que je puisse voyager encore, et je voudrais
Dormir un peu. Demain, je reprendrai
La route avec vous. » Pour que la princesse douce
Dormît, l’écuyer lui fit un lit de mousse,
Et, pour l’aider avec plus d’aise à sommeiller,
Mit sous sa tête le panier comme oreiller ;
En voyant qu’elle dormait, à son roi fidèle,
Il monta à cheval et s’enfuit loin d’elle,
La laissant seule comme lui dit son père malveillant.
Crépuscule s’étonna fort en se réveillant
Toute seule au milieu de la forêt immense ;
Elle se mit à crier, comme prise de démence,
Et appela maintes fois son lointain conducteur,
Mais la forêt semblait railler avec hauteur
Et ses cris farouches et ses prières tendres
Que nul mortel, hélas, ne pouvait entendre.
Elle essaya en vain de rebrousser chemin ;
Le soir arriva, il fallait jusqu’au lendemain
Attendre les rayons de l’aurore bienfaisante.
La princesse, affaiblie par une faim pesante,
Mangea les provisions qui restaient au panier
En espérant que ce soir serait le dernier
Qu’elle passerait dans les bois. Elle dit une prière,
Et, pour voir s’il y avait quelque bonne lumière,
Monta sur un arbre ; mais elle ne vit rien,
Et, de peur des fauves, dans ce refuge aérien
Resta, tremblant de peur, jusqu’à la blanche aurore.
La pauvre princesse, le lendemain, marcha encore
Pour quitter la forêt où on l’emprisonnait ;
Pour en trouver le bout en vain elle raisonnait,
Et elle en demeurait la noble captive
Qui l’emplissait cent fois de sa voix plaintive
Dont l’écho lui revenait en suivant le même cours
Sans que nul humain ne vînt lui porter secours.
La nuit vint encore, menaçante et sombre,
Crépuscule monta de nouveau dans un arbre
Pour découvrir au loin une chaude lueur,
Mais elle n’en vit point, malgré toute sa sueur,
Et, épiée par la noire forêt qui la surveille,
Se sentit plus triste et eut plus peur que la veille.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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