CONTE: LES PETITES COUDÉES (PARTIE III)
III. Le château
que Crépuscule trouva dans la forêt, et comment elle y fut accueillie
Crépuscule s’endormit bien malgré le
danger,
Sans que nulle bête ne vînt la déranger.
A son réveil elle vit, de loin, une
lumière
Qui ne lui semblait pas venir d’une
chaumière,
Car elle était radieuse. Plus elle s’en
approchait,
Plus cette lumière luisait quand vers
elle elle marchait ;
Cela ressemblait à un feu d’artifice,
Et qui jaillissait d’un mystérieux
édifice,
Hospitalier peut-être ou peut-être
fatal.
Elle arriva auprès d’un château en
cristal,
Tellement beau qu’elle en resta
émerveillée,
De son sommeil ne se croyant pas
réveillée.
Elle s’écria : « Ah !
le beau château que voilà !
Qu’est-ce que ce soleil radieux que je
vois là ? »
Deux fois la princesse frappa à la porte,
Et elle cria de sa voix la plus forte
Sans que personne ne vînt ouvrir. Elle
entendit,
Quand elle frappa une fois encore et
attendit,
Quelques petites voix qui parlaient
entre elles ;
Elle vit venir douze Coudées, personnes
fort belles
Qui n’étaient pas plus hautes que le
coude, pour ouvrir,
Et ne put s’empêcher doucement de s’attendrir
En voyant six Coudées, fort mignonnes et
blanches,
Tirer la porte, et six soulever la
clanche.
« Laissez-moi entrer, de grâce !
Je suis fille de roi,
Et je me suis perdue dans ce sinistre
endroit. »
Leur dit Crépuscule, emplie de détresse.
« Entrez et demandez à notre
maîtresse,
Répondirent les Coudées, de vous laisser
rester. »
Afin de l’emmener devant sa Majesté,
Elles lui firent traverser une
magnifique suite
Et à la maîtresse des céans elle fut
conduite ;
C’était une belle Chatte blanche qu’elle
aima voir
Et dit à la princesse : « Je
veux vous recevoir
Dans mon château, si vous me faites la promesse
Que vous resterez mon obéissante hôtesse
Et vous ne chercherez jamais à en
sortir. »
Crépuscule promit de ne point en partir
Et d’obéir à la mystérieuse Chatte.
Pensant qu’elle devait avoir faim, on
eut hâte
De servir un repas. Elle alla se
changer,
Et les Coudées, pendant ce temps, firent
à manger.
Quatre soutenaient un plat sur leurs
épaules frêles,
Trois de ces créatures douces et
surnaturelles
Portaient une bouteille de vin, tandis
que deux
Apportaient un verre sans avoir l’air
galvaudeux.
Crépuscule se mit à table. Une belle
braise
La réchauffait, et elle mangea à son
aise.
La Chatte lui demanda si elle se
trouvait bien
Et voulait s’assurer qu’elle ne manquait
de rien.
« Ah ! oui, j’aime bien ce bon
repas, madame,
Répondit Crépuscule, et cette chaude
flamme. »
La Chatte lui dit : « Hé
bien, tous les jours vous mangerez
Ainsi, princesse, quand, le soir, vous
vous changerez.
Je veux vous montrer mon jardin ; c’est
ce qui reste
A voir dans le château. » Dans un
enclos vaste,
Eclairé, le soir, par de mystérieux
flambeaux,
Où il y avait des fleurs rares et des
arbres beaux,
Elle la conduisit, et dans cette
retraire exquise
Lui dit : « Vous pouvez
errer à votre guise,
Partout où vous voulez, et cueillir des
fleurs
Et des fruits ; mais il vous
arrivera malheur,
Et je vous punirai d’une verte manière,
Si vous vous approchez, imprudente
flânière,
De la pièce d’eau, là-bas. Je pourrai le
sentir,
Vous ne tarderiez pas à vous en
repentir. »
Crépuscule l’assura qu’elle prendrait
garde
De s’y aventurer, et tous les jours
gaillarde,
Après le repas, quand l’envie lui en
venait,
Dans le jardin de son hôtesse se
promenait.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
lundi 26 janvier 2015
Conte: Les petites Coudées (Partie III)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: