CONTE: LE CORDON ENCHANTÉ (PARTIE V)
V. Ce que le jeune mousse fit pour devenir un jeune
roi
Les gens de la ville criaient au miracle,
Et le petit mousse qui vainquit tant d’obstacles
Devint la fable de tous les conteurs
éblouis.
Le roi ne tarda à ouïr parler de lui.
Il avait deux filles qui le faisaient
vivre
Ravies par de fées qui demeuraient sous
son louvre,
Et personne ne pouvait, hélas, les
délivrer.
Il se disait : « Ah !
Si ce mousse pouvait œuvrer
A la libération de mes filles chéries,
Mon âme de mille tourments serait guérie !
Oserait-il des bêtes qui les gardent s’approcher ? »
Et le roi ordonna qu’on allât le
chercher
Et lui dit : « Mes deux
filles ont été enlevées ;
Peut-être que grâce à toi elles seront
sauvées,
Car j’ai ouï dire que tu ne crains pas
le danger.
De malfaisantes fées les ravirent pour
se venger ;
Elles vinrent demeurer sous mon louvre,
et faisaient
De la musique et des danses qui nous
pesaient
Au point d’empêcher tout le monde de
dormir.
Sourdes à mes propos, je les punis sans
frémir,
J’ai détruit leur foyer et je les ai
chassées
Et en ai cru ma cour enfin débarrassée,
Mais ces friponnes sont revenues pour m’alarmer,
Emporter mes deux filles, et les
transformer,
Elles qui sont si belles, en singesses
bien laides.
Tous les preux tremblent de leur
apporter de l’aide,
Car elles sont sur une île, dans un
château gardé
Par les bêtes les plus fauves, par les
flots regardé.
Tous les navires qui ont tenté l’aventure
Ont été détruits par ces cruelles
créatures,
Et leurs équipages ont été dévorés. »
« De sauver vos filles je serai
honoré,
Dit le mousse, mais quelle sera ma
récompense ? »
« Tu épouseras de mes filles celle
que tu penses
Etre la mieux des deux, et que tu vas
choisir,
Et qui obéira, comme moi, à ton désir.
L’une s’appelle la Fleur Sans Pareille,
elle est plus belle
Que sa sœur, bonne comme le bon pain,
qui s’appelle
Bonté Sans Égale. En plus tu deviendras
roi
Si tu les ramènes saines et sauves à cet
endroit. »
« Sire, je vais essayer, répondit
le mousse.
Faites-moi faire, pour que j’aille à
leur rescousse,
Un grand tonneau, par des douves de
cornes éclairé. »
Le roi fit venir cent tonneliers,
affairés
Par la demande du jeune garçon, qui
construisirent
Chacun un tonneau. Le roi et le mousse
choisirent
Celui qui était le plus grand et le plus
beau,
Aussi radieux que s’il contenait mille
flambeaux.
Ne voulant que personne ne vînt l’y
suivre,
Il fit mettre de l’eau, du vin et des
vivres
Dans son grand tonneau, et tout ce qu’il
lui fallait.
Tous étaient venus pour le voir quand il
allait
Partir à l’aventure, saluant son
courage.
Quand il sentit flotter son magnifique
ouvrage,
Il dit à son cordon : « Emmène-moi
aussitôt
Pour que je sauve les princesses, vers
le château. »
Le tonneau alla, plus que le vent
rapide,
Connaissant son chemin, sur les flots
limpides.
Arrivé au château, il s’arrêta
lentement.
Le mousse dit : « Pour
que j’aille dans l’appartement
Où les deux princesses sont retenues
captives,
Qu’il se forme un passage de manière
furtive,
Pour que les bêtes n’arrivent jamais à
me cibler. »
Les monstres à travers l’eau hurlaient à
faire trembler,
Mais ils ne purent point assaillir le
jeune homme.
Il entra dans la chambre où il vit les
deux dames
Transformées en singesses. D’un air fort
étonné,
L’une d’elles lui dit : « Qui
vous a ici amené ?
La mort vous attend, car les bêtes vous
sentent
Et de vous voir venir ne seront point
contentes. »
« Nul mal ne me sera fait, leur dit
le marin.
Prenons des provisions et nous
quitterons, sereins,
Ces lieux lugubres dont vous êtes
prisonnières. »
Les deux singesses sourirent d’une douce
manière
Et remercièrent le jeune homme qui leur
parut preux.
Le roi de revoir ces filles fut bien
heureux,
Et il y eut dans toute la ville des
réjouissances
Comme à l’aurore commune de leurs deux
naissances ;
Mais de les voir ainsi il était
contrarié,
Et quand notre jeune mousse fut par lui
prié
De rendre aux princesses leurs formes
originelles,
Il le fit, et les deux beautés
fraternelles
Etaient pareilles à deux jours au ciel
reluisant.
Le roi dit au garçon : « Je
vais te faire présent,
Comme convenu, de tout mon royaume
vaste.
De ces deux princesses, qui sont belles
et chastes,
Choisis celle que tu voudras bien
épouser
Et comme son père ne va rien te refuser. »
Le jeune homme dit : « Pour
que nulle ne soit jalouse,
Consentez qu’elles soient toutes les
deux mes épouses. »
Le roi accepta. Les noces durèrent sept
nuits.
Les deux princesses vécurent heureuses
et sans ennuis,
Protégées des fées et de tous les
monstres hideux,
Avec leur époux qui les aimait toutes
les deux.
[FIN DU CONTE: LE CORDON ENCHANTÉ]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
samedi 17 janvier 2015
Conte: Le Cordon enchanté (Partie V)
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