lundi 12 janvier 2015

Conte: Le Cordon enchanté (Partie I)

CONTE: le cordon enchanté (PARTIE I


I. Comment un jeune garçon rencontra un pêcheur bienveillant qui eut soin de lui, et ce qu’il décida de faire quand il grandit

Il était une fois un jeune garçon pêcheur
Qui de l’écume de la mer avait la blancheur
Et se souvenait souvent de la mort amère
De son père chéri et de sa douce mère.
Une fois qu’il était de la pêche fort las,
Il vit un homme portant un bateau sous son bras
Qui, quand il passa, le réveilla de sa sieste
Et lui dit : « Pourquoi, seul, en ces lieux tu restes ?
Viens, mon petit, je vais te ramener sous ton toit,
Car tes parents seront sans doute inquiets de toi. »
« Je me suis endormi car la lassitude,
Répondit le garçon, plus que d’habitude,
En pêchant, comme je le fais chaque jour, m’a pris.
C’est mon père, monsieur, qui me l’avait appris,
Mais il est mort, et mère aussi est morte. »
« Combien de chagrins dans son petit cœur porte
Ce garçon ! » Se disait l’homme compatissant.
Il dit au marmot du vent encor frémissant :
« Veux-tu venir avec moi, mon petit ? La pêche
Sera beaucoup plus bonne si on se dépêche
De monter, à l’heure qu’il est, sur mon bateau,
Avant que les courants ne deviennent fataux. »   
« Je veux bien, répondit-il la mine ravie,
Comme de naviguer j’ai toujours eu envie. »
Avec une pommade l’homme lui frotta les yeux,
Et le petit garçon, qui était fort joyeux,
Pouvait, depuis ce temps, voir clairement dans l’ombre,
Et, comme s’il faisait jour, dans la nuit sombre.
En suivant le pêcheur, le jeune homme étonné
Lui disait : « Ce bateau n’est point dimensionné
Pour nous porter tous deux, ou même une seule personne,
Vous le portez au bras comme une nourrissonne. »
Le bonhomme sourit de la comparaison
Et lui dit : « C’est vrai, mon petit, et tu as raison.
Mais ce bateau, quand je le voudrai, sera vaste,
Et cent hommes pourront s’y asseoir avec faste. »
Il mit son bateau à la mer, et comme il dit,
Le voilà qui soudain par enchantement grandit.
Les deux pêcheurs prirent du poisson à s’en suffire,
Et il était beau tout ce qu’on pouvait dire ;
Quand la pêche fut finie, l’homme reprit sur son dos,
Comme il le fit avant, son magique fardeau,
Et dit au garçonnet : « Si tu veux me suivre,
Tu iras, avec moi, dans ma demeure vivre.
J’aurai soin de toi, et tu pourras te promener
Sans avoir, pour vivre, chaque jour à peiner. »
L’homme qui songe et le petit garçon qui rêve
Ensemble se mirent à marcher sur la grève,
Et tous deux arrivèrent, aux ténébreuses vapeurs,
A l’entrée d’une houle. Le jeune garçon prit peur
Et dit : « Les fées avec les hommes sont cruelles
Et je ne veux pas dans cette grotte vivre avec elles. »
« Ne crains rien, répondit le pêcheur, et viens.
Tu seras content et il ne t’arrivera rien. »
Ils entrèrent tous dans la houle joyeuse et échauffée
Par le feu d’une famille hospitalière de fées.
Le petit y fut bien reçu, nourri, soigné,
Il allait pêcher dans un lieu peu éloigné
De la grotte, et avec les gens de la houle,
Quand il faisait nuit, sans être vus de la foule,
Cherchait des moutons, des bœufs, du cidre et des fruits,
En restant silencieux et ne faisant nul bruit.
Le garçon resta sept ans dans leur demeure,
Et dit à son maître : « J’ai oublié les heures,
Les mois et les années, et je voudrais sortir
De cette grotte, naviguer, à l’aventure partir. »
Le pêcheur vit que le vaillant jeune homme
Etait déterminé et empli de flamme ;
Il lui dit : « Puisque tu décides de nous quitter,
Je ne te forcerai point ici à rester.
Prends ce cordon magique que je vais te mettre
Autour de ton corps, et il va te permettre
D’exaucer tous tes vœux ; mais tu auras bien soin
De ne t’en servir que si tu en as besoin
Et de ne le montrer à nulle créature. »
Le garçon alla sans tarder à l’aventure,
Sans qu’il n’oubliât de remercier son patron
Qu’il embrassa, avant de partir, sur le front.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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