CONTE: LA BELLE AUX CLÉS D'OR (PARTIE V)
V. Ce que fit le jeune prince pour ne point mourir,
et ce qui lui arriva quand il devint l’époux de la Belle aux clés d’or
Le prince alla trouver sa jument en
pleurant,
Et lui dit : « Ce roi est
un ignoble tyran !
Pour obéir à sa femme vengeresse,
Il va me faire périr, parce que sa
maîtresse
Exige ma mort s’il veut être son époux.
Ô, vous me manquez, jours inoubliables
et doux
Où j’étais aimé par un bienveillant
père !
Hélas ! Cette fois, ma chère, je
désespère,
Car le roi veut me faire brûler sur le
bûcher,
Et mes prières et mes pleurs ne peuvent
le toucher ;
Pour avoir obéi à tous ses caprices,
Il a choisi de me livrer au
supplice. »
La jument dit au jeune
prince : « Ne tremble pas,
C’est le roi lui-même qui court à son
trépas.
Tu n’auras besoin ni d’un vaisseau ni
d’une voile,
Tu vas t’habiller, des pieds à la tête,
en toile,
Et tu verseras cette bouteille sur tes
habits
Pour que tu ne succombes point à cet
acabit.
Tu ne brûleras pas, tu seras invisible,
Va alors parler à ce roi impassible
Derrière la foule qui ne pourra pas te
voir. »
Le lendemain le roi, croyant faire son
devoir,
Fit apporter deux cents fagots. On mit
la flamme
Et on plaça à son milieu le jeune homme.
Il ne brûla point ; il en sortit et
alla
Et derrière la foule nombreuse au roi
parla :
« Je suis vivant, ingrat. Ta flamme
est inutile,
Et je me ris, maintenant, de tes
caprices futiles. »
Le roi lui
demanda : « Comment es-tu sorti
Des flammes fatales, et du bûcher
parti ? »
« J’ai acheté des habits de
toile : grâce à elle,
Dit le berger, la flamme m’a
épargné. » La Belle
Aux clés d’or entendit la fin de ce
discours,
Et dit au roi : « Faites
comme ce vaillant pâtour
Si vous voulez que je devienne votre
épouse. »
« C’est facile. » dit le roi à
l’âme jalouse,
Se fit faire un habit comme celui du
berger,
Et monta au bûcher, insoucieux du
danger.
La flamme l’embrasa et il devint
cendres.
La princesse dit au jeune berger, d’une
voix tendre :
« C’est toi qui es digne de devenir
mon époux. »
N’étant point insensible à ses charmes
si doux,
Il était bien content, et alla tout dire
A la jument blanche. « Tu dois
d’abord m’occire,
Lui dit-elle, et couper mon cœur en deux
morceaux. »
Le prince refusa et eut un vif sursaut,
Mais la jument lui
dit : « Il faut que tu le fasses,
C’est moi qui le veux. » En se
voilant la face,
Car il ne pouvait la tuer qu’avec
remords,
Le jeune prince le fit. Et quand, après
sa mort,
Il coupa son cœur en deux, une dame plus
belle
Que la princesse qui fut au roi rebelle
En sortit et lui
dit : « Ingrat, tu vas souffrir.
Maintes fois tu allais certainement
mourir,
Et je t’ai sauvé, mais tu aimes cette
princesse
Et tu m’as fait périr. Pour cette
bassesse,
Tu seras, toute ta vie, sombre et
malheureux. »
Elle disparut et ne revint plus.
Amoureux,
Le jeune homme épousa la princesse
altière,
Mais fut malheureux et mourut dans la
misère.
[FIN DU CONTE: LA BELLE AUX CLÉS D'OR]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
samedi 3 janvier 2015
Conte: La Belle aux clés d'or (Partie V)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: