mardi 30 décembre 2014

Conte: La Belle aux clés d'or (Partie I)

CONTE: la belle aux clés d'or (partie i) 


I. Les trois princes, et ce que l’aîné fit en devenant chasseur

Il était une fois un roi d’un royaume prospère
Qui de trois princes qu’il aimait était le père ;
Quand ils devinrent grands, il leur dit de choisir
Chacun le métier qui lui ferait plus plaisir.
L’aîné dit : « J’aimerais bien, pour tenter la fortune,
Devenir chasseur. De l’aurore à la brune,
Je partirai avec mes armes et mes chiens. »
Le second dit à son père : « Moi, j’aimerais bien
Etre soldat. » « Et moi marin » dit le troisième.
Les deux derniers partirent du château le soir même,
Et l’aîné attendit, lui, jusqu’au lendemain,
Et partit, dès l’aube, son arc pesant à la main,
Accompagné d’une meute nombreuse de chiens agiles.
Il vit, dans la forêt, une vieille femme débile,
Et qui déracinait un petit arbre vert.
Elle n’avait pas, malgré le froid, le chef couvert,
Et le prince lui dit d’une voix altière :
« Que fais-tu là ? Laisse mon arbre, vieille sorcière,
Et va-t’en vite d’ici où te mène ton errement. »
« Jeune homme, ne me parle pas si durement. »
Répondit la bonne femme. « Reviens à ton âtre,
S’écria le jeune homme, ou je vais te battre. »
Et la vieille femme s’en alla en grommelant.
Il se mit en chasse, de son sort nonchalant,
De lièvres et de lapins il remplit sa gibecière,
Et il se reposa dans une clairière
Puis revint au château. Son père, le vieux roi,
Etait content de voir son fils aussi adroit
Dans son métier. Le jour suivant, à l’aurore,
Le prince à la même forêt revint encore,
Et retrouva la vieille femme. « Je t’ai dit, hier,
Lui dit le fils du roi, inexorable et fier,
De quitter ma forêt. Sors-en tout de suite. »
La vieille femme apeurée prit bientôt la fuite,
Et le prince chassa comme le jour précédent.
Il revint le troisième jour, et grinça des dents
En trouvant la vieille femme à la même place
Qui contemplait une rivière, sinistre glace
Où elle voyait ses rides. « Vieille mégère, par Dieu !
Cria-t-il, tu oses me montrer ton front odieux !
Maintenant, je vais te battre. » Sans avoir pitié d’elle,
Le jeune homme frappa si fort la vieille femme frêle
Qu’il la jeta par terre. La joue emplie de sang,
Elle se releva et s’en alla en gémissant,
Et le prince cruel continua sa chasse.
Il vit un lièvre assis, calme, sur l’herbe basse,
Et voulut le prendre ; mais le lièvre s’enfuit,
Et le prince courut tout le jour derrière lui ;
Il eut beau le viser, se cacher et feindre,
La nuit tomba sans qu’il ne parvînt à l’atteindre.
Courroucé, le prince encore le poursuivit,
Et dans une caverne ténébreuse il le vit
Disparaître, et entra à sa suite, sombre,
Et guettant toujours sa proie dans la vaste ombre. 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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