samedi 3 janvier 2015

Conte: Jean sans Peur (Partie I)

CONTE: jean sans peur (PARTIE I) 

Poème dédié à Leïla Zouïten

I. Pourquoi Jean sans peur portait bien son nom, et ce qu’il décida de faire

Il était une fois un garçon qui vivait
Avec sa mère, qui jamais ne le privait,
Dans une petite maison, près de la forêt verte,
Dont la porte aux pauvres était souvent ouverte.
Dès son enfance, il se montra hardi
Au point qu’on donna à ce gaillard dégourdi
Le nom de Jean sans peur quand il devint homme.
« Rien, disait-il, ne fait frissonner mon âme,
Et je ne crains nul mort et ne crains nul vivant. »
Il allait maintes fois dans les bois en rêvant,
A l’heure où les lutins quittent leurs repaires vétustes,
Et pouvait tenir tête aux hommes les plus robustes.
Plusieurs fois ses voisins tentèrent de l’éprouver
En se déguisant, quand ils allaient le trouver,
En revenants, en diables et autres créatures,
Mais leur camarade n’était point de nature
A s’en émouvoir, et il marchait, imposant,
Droit et sans frissonner, vers le mauvais plaisant
Qui se hâtait de fuir en criant à l’aide.
Il alla chercher du vin et des remèdes
Pour qu’il réconfortât sa mère malade, un soir,
A une heure qui ne pouvait qu’aux braves seoir.
Plusieurs garçons de son âge, comme lui fils de veuves,
Voulurent une autre fois le mettre à l’épreuve
Pour voir s’il méritait son nom de chevalier.
L’un se coucha, avec ruse, près d’un échalier
Que Jean avait coutume de franchir, de sorte
Qu’il prenait ainsi la route la plus courte.
On enveloppa le gars d’un drap, blanc linceul,
On plaça trois cierges à ses côtés, laissé seul
Comme les morts prêts à être enterrés en terre.
Quand il vit ce cadavre effrayant, Jean qui erre
Et n’aime point s’arrêter ou revenir sur ses pas,
En contemplant ce corps qui semblait en trépas,
S’écria : « Faites loin de moi votre carotte,
Qui que vous soyez, mon bâton à marotte
Vous corrigera, et vous allez vous affaler,
A moins de dire qui vous êtes ou vous en aller. »
« Ne frappe pas, Jean ! Dit le prétendu cadavre,
Car je suis Pélo, ton voisin. » Comme un lièvre,
Ce dernier se hâta de fuir. Un an passa,
Et Jean de rester dans son pays se lassa,
Car labourer la terre et aller aux pâtures
L’ennuyait ; il voulait partir à l’aventure,
Devenir illustre, voir des pays nouveaux,
Faire fortune, peut-être, et comme Hercule des travaux.
Il dit à sa mère, un jour : « Mère, je me lasse
Et je ne me sens point ici à ma place ;
Souffrez que je parte, car je veux voyager. »
« Sot, lui dit sa mère, tu cherches le danger,
Et à partir d’ici ton courage te pousse.
Ne sais-tu point que pierre qui roule n’amasse point mousse ?
Reste avec ta mère qui toujours te chérira,
Tu seras tranquille, nul ne te contrariera. »
« Je suis résolu à parcourir le monde,
Répondit Jean, et voir les terres et les ondes.
Nul homme et nul démon ne me font peur ; je crois
Que rien sur Terre ne peut me causer de l’effroi. »
« Dans ce cas, dit la mère à son fils, éplorée,
Car elle l’aimait comme elle en était adorée,
Puisque tu veux à ce point quitter cette maison
Et que je ne puis te faire entendre raison,
Consens à suivre mon conseil : Ne voyage,
Quelle que soit ta force et quel que soit ton courage,
Que d’un soleil à l’autre ; la nuit, va te coucher,
Affronte le danger, ne va point le chercher. »
Jean embrassa sa mère qui le lui fit promettre,
Et sur le dos d’un âne robuste, il alla mettre
Tout son bagage, qui n’était pas des plus lourds,
Et partit, fort content, quand se leva le jour.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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