CONTE: jean sans peur (PARTIE I)
Poème dédié à Leïla Zouïten
I.
Pourquoi Jean sans peur portait bien son nom, et ce qu’il décida de faire
Il
était une fois un garçon qui vivait
Avec
sa mère, qui jamais ne le privait,
Dans
une petite maison, près de la forêt verte,
Dont
la porte aux pauvres était souvent ouverte.
Dès
son enfance, il se montra hardi
Au
point qu’on donna à ce gaillard dégourdi
Le
nom de Jean sans peur quand il devint homme.
« Rien,
disait-il, ne fait frissonner mon âme,
Et
je ne crains nul mort et ne crains nul vivant. »
Il
allait maintes fois dans les bois en rêvant,
A
l’heure où les lutins quittent leurs repaires vétustes,
Et
pouvait tenir tête aux hommes les plus robustes.
Plusieurs
fois ses voisins tentèrent de l’éprouver
En
se déguisant, quand ils allaient le trouver,
En
revenants, en diables et autres créatures,
Mais
leur camarade n’était point de nature
A
s’en émouvoir, et il marchait, imposant,
Droit
et sans frissonner, vers le mauvais plaisant
Qui
se hâtait de fuir en criant à l’aide.
Il
alla chercher du vin et des remèdes
Pour
qu’il réconfortât sa mère malade, un soir,
A
une heure qui ne pouvait qu’aux braves seoir.
Plusieurs
garçons de son âge, comme lui fils de veuves,
Voulurent
une autre fois le mettre à l’épreuve
Pour
voir s’il méritait son nom de chevalier.
L’un
se coucha, avec ruse, près d’un échalier
Que
Jean avait coutume de franchir, de sorte
Qu’il
prenait ainsi la route la plus courte.
On
enveloppa le gars d’un drap, blanc linceul,
On
plaça trois cierges à ses côtés, laissé seul
Comme
les morts prêts à être enterrés en terre.
Quand
il vit ce cadavre effrayant, Jean qui erre
Et
n’aime point s’arrêter ou revenir sur ses pas,
En
contemplant ce corps qui semblait en trépas,
S’écria : « Faites
loin de moi votre carotte,
Qui
que vous soyez, mon bâton à marotte
Vous
corrigera, et vous allez vous affaler,
A
moins de dire qui vous êtes ou vous en aller. »
« Ne
frappe pas, Jean ! Dit le prétendu cadavre,
Car
je suis Pélo, ton voisin. » Comme un lièvre,
Ce
dernier se hâta de fuir. Un an passa,
Et
Jean de rester dans son pays se lassa,
Car
labourer la terre et aller aux pâtures
L’ennuyait ;
il voulait partir à l’aventure,
Devenir
illustre, voir des pays nouveaux,
Faire
fortune, peut-être, et comme Hercule des travaux.
Il
dit à sa mère, un jour : « Mère, je me lasse
Et
je ne me sens point ici à ma place ;
Souffrez
que je parte, car je veux voyager. »
« Sot,
lui dit sa mère, tu cherches le danger,
Et
à partir d’ici ton courage te pousse.
Ne
sais-tu point que pierre qui roule n’amasse point mousse ?
Reste
avec ta mère qui toujours te chérira,
Tu
seras tranquille, nul ne te contrariera. »
« Je
suis résolu à parcourir le monde,
Répondit
Jean, et voir les terres et les ondes.
Nul
homme et nul démon ne me font peur ; je crois
Que
rien sur Terre ne peut me causer de l’effroi. »
« Dans
ce cas, dit la mère à son fils, éplorée,
Car
elle l’aimait comme elle en était adorée,
Puisque
tu veux à ce point quitter cette maison
Et
que je ne puis te faire entendre raison,
Consens
à suivre mon conseil : Ne voyage,
Quelle
que soit ta force et quel que soit ton courage,
Que
d’un soleil à l’autre ; la nuit, va te coucher,
Affronte
le danger, ne va point le chercher. »
Jean
embrassa sa mère qui le lui fit promettre,
Et
sur le dos d’un âne robuste, il alla mettre
Tout
son bagage, qui n’était pas des plus lourds,
Et
partit, fort content, quand se leva le jour.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
samedi 3 janvier 2015
Conte: Jean sans Peur (Partie I)
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